Croissance démographique au Burkina Faso : le grand bouleversement

Publié le 8 février 2017

Édith TAPSOBA est démographe. Elle travaille au service de la population et des études démographiques de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) du Burkina Faso. Elle répond aux globe-reporters Iliana, Céline, Camille et Yasmine du college Jean-Baptiste Clément de Colombes (92).

Economie, histoire et politique

Combien y’a-t-il d’habitants à Ouagadougou ?

Selon les résultats du dernier recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) réalisé en 2006, la population de la ville de Ouagadougou s’élève à 1 475 839 habitants
En 2017, la population de la ville est estimée à 2 388 725 habitants.
La population de la ville de Ouagadougou augmente rapidement entre 2006 et 2017 ; elle a augmenté de 61,9%.
Au premier recensement réalisé en 1975, Ouagadougou ne comptait que 172 661 habitants.
Entre 1975 et 2017, la population de Ouagadougou a été multipliée par 13,8. 

La ville est-elle propre par terre ?

La ville n’est pas propre malgré les efforts de la mairie pour lui assurer un minimum de salubrité. Le nettoyage de la ville est assuré par les services de la mairie, mais le comportement des individus ne favorise pas le maintien de la propreté. Les bacs prévus pour la collecte des ordures ne sont pas utilisés à bon escient, certains jettent les ordures et les eaux usées dans la rue. À titre illustratif, selon les données du RGPH de 2006, 42% des ménages urbains utilisaient les tas d’immondices comme mode d’évacuation de leurs ordures et 14% la rue.

À quel âge se marient les gens au Burkina Faso ?

Les hommes se marient en moyenne à 27 ans, et les femmes à 20 ans selon les résultats du recensement de 2006. Les âges moyens chez les hommes sont restés stables à 27 ans entre 1975 et 2006. Ceux des femmes ont progressé légèrement dans le même temps allant de 17 ans à 20 ans. Cette augmentation de l’âge au mariage est sans doute liée à l’amélioration de la scolarisation des filles ; en effet les filles sont de plus en plus nombreuses à aller à l’école et y restent plus longtemps qu’avant, ce qui contribue à retarder leur entrée en union.
Quel que soit le milieu de résidence, l’âge moyen au premier mariage est plus élevé chez les hommes que chez les femmes au Burkina Faso.
En milieu rural, les âges moyens au premier mariage sont moins élevés d’environ 3 ans que ceux du milieu urbain.

Combien les couples ont-ils d’enfants, en moyenne ?

La fécondité est en baisse depuis 1993 date de la première enquête démographique et de santé (EDS). Le nombre moyen d’enfants par femme est passé de 6,9 en 1993 à 6,0 en 2010 (EDS 2010-11) puis à 5,4 enfants en 2015 (Module démographie de l’Enquête multisectorielle continue).
De fortes disparités existent entre la ville et la campagne. Les femmes ont plus d’enfants en milieu rural qu’en milieu urbain, respectivement 5,8 et 3,7 enfants en 2015. Le nombre d’enfants par femme enregistrés en 2010 sont respectivement de 6,7 et de 3,9 pour les deux milieux.
L’âge moyen à la maternité est de 29,6 ans.

Édith TAPSOBA

Y a-t-il plus ou moins de naissances qu’avant ?

Les naissances enregistrées au Burkina Faso augmentent au fil du temps. Au cours de l’année 2006, on a enregistré 642 560 naissances vivantes. Les naissances enregistrées en milieu rural (campagne) sont numériquement plus importantes. En effet, sur les 642 560 naissances vivantes totales, 521 414 soit 81,1%, ont lieu en milieu rural, qui compte 77,3% de la population totale.
Le nombre de naissances enregistrées au cours des précédents recensements était de l’ordre de 495 000 et de 395 000 en 1996 et 1985.
Problèmes : lorsque les naissances augmentent, les besoins en termes de soins de santé et d’éducation augmentent. Pour les satisfaire, l’État burkinabè doit dépenser beaucoup plus d’argent pour construire des infrastructures sanitaires, recruter du personnel de santé, acheter des vaccins, etc. Construire des écoles, recruter et former des enseignants pour la prise en charge des enfants qui seront de plus en plus nombreux à être scolarisés. L’État doit aussi créer des emplois pour satisfaire la demande qui augmente lorsque la population augmente…

Les maladies augmentent-elles au Burkina Faso ?

Malgré les efforts déployés par l’État et les partenaires au développement dans le domaine de la santé, la couverture nationale en infrastructures et personnels de santé est encore globalement très insuffisante. Selon l’annuaire de santé de 2015, il était enregistré un ratio d’un médecin pour 15 518 habitants. Et un ratio de 9 856 habitants par Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS). À cette insuffisance s’ajoute la répartition inégale de ces infrastructures et personnels au détriment des zones rurales qui sont le plus souvent faiblement couvertes en offre de personnel de santé alors que la demande est forte.
Certains districts sanitaires connaissent des ruptures de stock en médicaments essentiels génériques (MEG), 23% en 2015.
Les populations ont de plus en plus recours aux formations sanitaires pour se faire soigner. Mais beaucoup de malades utilisent encore la médecine traditionnelle à travers le recours aux tradipraticiens. D’autres utilisent des plantes dont les vertus médicinales sont avérées. Le coût élevé de la médecine moderne la rend peu accessible aux populations aux revenus modestes.

Quelles sont les maladies les plus courantes ?

Le paludisme est la maladie qui cause le plus de ravage au Burkina Faso. Selon l’annuaire statistique de la santé de 2015, il a constitué le premier motif de consultation externe dans les formations sanitaires de base et la première cause de décès dans les formations sanitaires. Les autres maladies les plus courantes sont la méningite, l’anémie, les infections respiratoires, les maladies diarrhéiques, la rougeole. Ces maladies touchent essentiellement les enfants (surtout ceux de moins de 5 ans) et les femmes.

Y a-t-il plus ou moins de décès qu’avant ?

La mortalité générale a baissé de manière importante. Dans les années 60, sur 1000 individus, 32 mourraient en moyenne chaque année. Ce niveau est passé à 12 individus sur 1000 habitants en 2006. Cette baisse de la mortalité générale touche aussi bien les hommes que les femmes. C’est en milieu rural (campagne) que le niveau de mortalité est le plus élevé. Il y est en 2006, deux fois plus élevé qu’en milieu urbain (13‰ contre 7‰).

En moyenne, à quel âge les gens meurent-ils ?

Au Burkina Faso, les gens meurent en moyenne à 56,7 ans. La durée de vie moyenne est de 55,8 ans pour les hommes et de 57,5 ans pour les femmes selon les résultats du recensement de 2006. Autrement dit, si les conditions de 2006 restent constantes, un individu qui naît au Burkina Faso vivrait 56,7 ans. 

Quels sont les problèmes causés par l’explosion démographique au Burkina ?

Le taux d’accroissement intercensitaire de la population burkinabé entre 1996 et 2006 était à un taux relativement élevé de 3,1%, probablement du fait de la fécondité toujours élevée et de la mortalité en baisse. Un accroissement démographique trop élevé a un impact sur l’économie, sur l’environnement et sur les ressources.
Une augmentation des besoins en emploi liée à l’augmentation de la population jeune
Une augmentation de la population dépendante (population à charge)
Une augmentation des besoins en infrastructures sanitaires et éducatives : plus d’enfants à soigner et à vacciner, plus d’enfants à scolariser, plus de femmes en âge de procréer à prendre en charge
Une extension des surfaces de production agricole, une dégradation plus importante de l’environnement : problème d’évacuation des déchets, consommation élevée de bois, importante pollution atmosphérique, etc.
Une augmentation des besoins en logements, besoins accrus en eau potable, etc.

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