"Tout le monde est plus ou moins chauffeur de taxi !"

Publié le 22 janvier 2015

Avec 20 000 chauffeurs de taxi, il est toujours facile de trouver un chauffeur à Bucarest. Avec ou sans application sur son smartphone. Alexandru répond aux questions des lycéens d’Erik Satie à Paris.

Economie, histoire et politique

Depuis mon arrivée à Bucarest, je prends le taxi deux à trois par jour. Pas par luxe, mais par commodité, pour aller plus vite d’un rendez-vous à l’autre. Surtout quand je ne connais pas les transports en commun qui pourraient m’y amener.

J’ai rencontré Alexandru en allant au lycée français dans le nord de Bucarest. Alexandru a 38 ans, il est chauffeur depuis 11 ans. Il a aussi travaillé en France et en Allemagne, mais préfère la Roumanie. Il parle un peu français, un peu anglais, un peu allemand et surtout roumain. Il conduit une Logan jaune. "Cette marque plait aux clients".

Alexandru, sur la route vers le lycée français de Bucarest

Mis à part le prix très intéressant, pourquoi le taxi est un moyen de transport très utilisé en Roumanie ?

Le taxi est plus pratique que le métro et le bus, car il va partout. Nous sommes très nombreux, donc il est très facile de trouver un taxi à n’importe quelle heure. Et puis c’est vrai que le taxi n’est pas cher, notamment à Bucarest.

Il y a deux catégories de prix. Moi je suis dans une compagnie à 3,50 lei le kilomètre (0,78 euro). Ca me donne le droit d’aller plus loin du centre, comme à l’aéroport. L’autre catégorie, c’est 1,39 lei (0,30 euro). Les prix sont un peu pus élevés dans le reste du pays.

D’où vient cette tradition ?

Il y a toujours eu beaucoup de taxis en Roumanie. Ce n’est pas vraiment une tradition, mais plutôt une opportunité. Etre chauffeur ne demande pas de compétence particulière, tout le monde peut être embauché. Beaucoup de chauffeurs sont d’origine rom. C’est un métier peu rentable à cause du prix au kilomètre bas et de l’essence chère (un peu plus de 1 euro le litre). Moi je ne gagne pas assez d’argent par mois pour vivre dans Bucarest.

Pourquoi sont-ils jaunes ?

C’est la mairie qui choisit la couleur. Les taxi sont jaunes à Bucarest, comme à New York, mais blancs à Brasov ou Constanta sur la côte de la mer Noire.

Qui détient ce secteur ? L’Etat ? Des chauffeurs indépendants ? Des entreprises étrangères ?

Le secteur est organisés en compagnies privées. Les plus grosses sont Speed taxi et A taxi. Il y a 8 000 chauffeurs avec licence à Bucarest mais aussi 12 000 sans licence qui viennent des alentours de la capitale. Ils travaillent au noir, sans assurance ni retraite. La licence est inscrite sur la portière de la voiture du côté droit. On l’obtient gratuitement, mais on paie une taxe assez élevée tous les trois mois à l’administration fiscale.

Savez-vous si UberPOP souhaite s’installer en Roumanie ? Si oui, pensez-vous que ce soit de la concurrence déloyale comme dans les autres pays ?

Je n’ai jamais entendu parler de UberPOP, je ne pense que cette société veut s’installer en Roumanie. De toute façon, tout le monde est déjà plus ou moins chauffeur, plus ou moins légalement !

Nous avons déjà plusieurs applications qui permettent aux personnes de commander un taxi sans appeler. La plus connue est Star taxi. Elle regroupe plusieurs compagnies de taxi. Les chauffeurs doivent payer une taxe pour être référencés par l’application. Certaines compagnies ont leur propre application, comme Speed taxi par exemple. Il suffit de lancer l’application, de se géolocaliser, et elle indique les taxis à proximité.

Le taxi d’Alexandru avec sa plaque officielle
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Sources sonores

  • Voilà ce que l’on entend à bord d’un taxi roumain

Téléchargements

Les partenaires de la campagne

  • Institut culturel Roumain
  • Fondation SNCF
  • Institut français de Roumanie
  • Label Paris Europe