Manger et boire dans le désert tunisien

Publié le 31 janvier 2015

Christine Desgranges vit à Douz depuis 2003. Elle a tenu pendant plusieurs années une agence de voyage qui proposait des circuits touristiques dans le désert tunisien. Christine qu’on surnomme "Christine Des sables" répond aux globe-reporters Liv et Garis du collège Sœur Rosalie, à Paris.

Développement durable et environnement

Combien reste-t-il de nomades dans le désert tunisien ?

Il n’y a plus de nomades tunisiens dans le désert tunisien, seulement des semi-nomades qui partent dans le désert en hiver et printemps.
Il y a cependant quelques nomades algériens qui nomadisent dans le désert tunisien. Je ne connais pas leur nombre, mais ils sont très peu nombreux, peut-être une centaine.

La femme sur le dromadaire vient d’accoucher dans sa famille et le monsieur dans la photo ci-dessous est son père qui la ramène chez elle, dans la famille de son mari. Une histoire du désert.

Que mangent les nomades dans le désert ?

Les nomades qui vivent toute l’année dans le désert mangent essentiellement :
- du blé et de l’orge sous forme de pain (une sorte de galette cuite dans la braise sous le sable) et de semoule,
- des produits laitiers faits à partir du lait de leurs chèvres, brebis et chamelles : lait fermenté, fromages frais, smen (une sorte de beurre qui se garde plusieurs mois même avec la chaleur),
- des dattes,
- parfois un peu de viande à partir de la chasse, rarement de leur troupeau,
- quelques légumes sauvages qui poussent dans le désert.

Nous avons fait des recherche sur le désert de Mongolie et nous avons trouvé des nomades qui n’avaient pas de repas structuré (mais plutôt un gros plat principal).
Donc nous voudrions savoir si les nomades dans le désert tunisien ont un repas structuré ou pas.

Les nomades d’ici n’ont pas de repas avec entrée, plat, dessert. Sauf repas exceptionnel, c’est juste un plat principal, et seulement une fois par jour, le soir.
Dans la journée, ils emportent avec eux des dattes et/ou « zoumita », un mélange de farines (orge, pois chiche…) et d’épices dont ils forment des boulettes très denses et nourrissantes avec de l’huile ou du smen.
Et puis, ils boivent beaucoup de thé tout au long de la journée, très concentré et sucré, qui donne une sensation de satiété. Ils ont toujours une théière, du thé, du sucre et un petit verre dans leur besace.

Pour la cuisson, les nomades utilisent le bois qu’il trouvent

Quels sont leurs plats traditionnels dans le désert ?

- les soupes et les ragoûts qu’ils mangent avec du pain
- le couscous avec quelques légumes et parfois un peu de viande
- le couscous avec du lait ou du smen (beurre)
- un mélange pain + smen + dattes

Du pain avant cuisson

Comment font-ils pour trouver de l’eau ?

Ils connaissent tous les puits dans le désert. Cela s’apprend de génération en génération.

On a vu qu’il y avait une ville qui s’appelle Remada, est ce que les nomades, parfois, vont dans cette ville ?

Je ne sais pas, Remada, ce n’est pas dans le désert de sable, c’est dans le désert de pierres.
Une ou deux fois par an, ils viennent à Douz ou les villages environnants pour vendre quelques bêtes de leur troupeau et acheter de la farine, des dattes et quelques autres aliments et tout ce dont ils ont besoin.

Cette femme nomade avec sa petite fille est une nomade algérienne dans le désert tunisien. Plusieurs tribus de nomades algériens nomadisent en Tunisie où ils sont acceptés sans problème. Les nomades peuvent même aller se faire soigner gratuitement dans les hôpitaux tunisiens.

Est-ce qu’ils ont, les nomades, un peu d’argent ou sont-ils complètement coupés du monde ?

Ils ont de l’argent quand ils vendent du bétail mais ils achètent aussitôt ce dont ils ont besoin avec. Ils n’ont pas de réserve d’argent, ça ne sert à rien dans le désert.

Le pain après la cuisson

Pour trouver de la nourriture chassent-ils ?

Oui, ils chassent, essentiellement les lièvres et les souris. Avant, ils chassaient aussi les gazelles, mais maintenant, c’est interdit.
Ils cultivent aussi. En automne, s’il a plu, ils sèment des graines dans des terrains qui « appartiennent » à leur tribu. Et au printemps, s’il a plu suffisamment, ils reviennent pour récolter. Ils sèment essentiellement de l’orge pour en faire de la semoule et de la farine.

POURSUIVRE L’ENQUÊTE

- Le SITE INTERNET de Christine Desgranges sur le désert tunisien

- Christine Desgranges : une amoureuse du désert tunisien

- Dans le désert tunisien, il n’y a pas que des mirages

- Marcel et Saber, les dromadaires

- Des melons en plein désert

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