"Au Liban, enfants libanais et syriens ne vont pas à l’école en même temps"
Publié le 15 janvier 2021
Les globe-reporters de CM2 de l’école Fernand VIVET, à Mézières sur Ponthouin, veulent savoir comment sont scolarisés les enfants syriens au Liban. Ils ont lu que les enfants syriens et libanais n’étaient pas scolarisées en même temps : le matin pour les enfants libanais, l’après-midi pour les enfants syriens. Qu’en pensent les principaux intéressés ? Les questions rejoignent celles des globe-reporters du collège du Pays-de-Monts et celles du collège de Martonne. Sidonie HADOUX, leur envoyée spéciale, s’inspire de leurs trois questionnaires pour interroger 3 enfants et adolescents de la famille AL MOUSTAFA.
Solidarités et Droits humains
Une journaliste doit pouvoir saisir les opportunités de faire des rencontres inattendues, en partant de sa proximité immédiate : c’est précisément ce qu’expérimente notre envoyée spéciale au Liban, la journaliste Sidonie HADOUX, au contact d’une famille syrienne.
Depuis le début du confinement, le 7 janvier 2021, au Liban, les écoles sont fermées et les cours se déroulent en ligne.
Pour rencontrer des élèves de nationalité syrienne à interroger dans ce contexte, notre envoyée spéciale Sidonie a de la chance : elle est en contact avec Sarah ARBEZ, chargée de projets au sein de l’association Liban Cités Unies. Elle est mariée à Moustafa AL MOUSTAFA et propose à Sidonie d’aller à la rencontre de sa belle famille syrienne qui vit à Beyrouth. Moustafa, 26 ans, va donc présenter à Sidonie ses petits frères Moayed 9 ans, Mohammad Nour 12 ans, et sa soeur Mayssamqui a 16 ans.
Sidonie est officiellement invitée à déjeuner chez la famille AL MOUSTAFA dans le quartier de BURJ ABOU HAIDAR. L’occasion rêvée d’organiser une interview croisée de ces 3 enfants syriens scolarisés au Liban !
Sidonie arrive pour l’interview en fin de matinée. Les deux plus jeunes garçons et l’adolescente dorment encore. « Il va falloir patienter un peu », indique Sarah en riant pendant que Moustafa part réveiller tout le monde. Sidonie prend le temps d’un café sur la terrasse et commence à discuter avec Sarah et Moustafa de la situation des réfugiés syriens au Liban.
La famille AL MOUSTAFA est arrivée au Liban peu après le début de la guerre en Syrie, en 2011. Les trois enfants ont eu la chance de pouvoir être scolarisés dès leur arrivée, et comme 80% des syriens au Liban, ils n’ont heureusement jamais vécu dans un camp de réfugiés où les conditions de vie sont souvent catastrophiques.
L’interview commence. Les enfants AL MOUSTAFA s’expriment en arabe. Heureusement, leur grand frère Moustafa est anglophone, il s’improvise traducteur de ces interviews. Ses frères et sa soeur répondent aux questions de Sidonie en arabe. Les réponses sont ensuite traduites vers l’anglais et à nouveau vers le français par Sidonie.
Vous découvrirez dans les enregistrements sonores ce qu’on appelle des traductions simultanées. La journaliste traduit sur le vif, directement au moment de l’enregistrement. Ce n’est pas un exercice simple. Il faut être bien concentré.e.
Parfois, notre traducteur sort de son rôle et commente les réponses. Avoir un intermédiaire peut éventuellement être un obstacle pour bien comprendre la personne qu’on veut interviewer. Heureusement, pour ce type d’interview, en famille, cela ne pose pas de problème. Moustafa ajouter même des informations complémentaires très intéressantes !
Moayed et Mohammad sont donc scolarisés dans une école publique libanaise. Les deux garçons suivent un rythme scolaire alterné : le matin l’établissement accueille les élèves libanais, et l’après-midi les élèves syriens. De son côté, Mayssam va dans un collège privé pour filles. Elle suit les cours toute la journée avec d’autres jeunes filles libanaises.
Une vie presque normale s’il n’y avait pas la discrimination et le racisme.
« Nous ne sommes pas considérés comme des étrangers, nous sommes une catégorie à part, les Syriens. », déplore Moustafa.
En attendant, pour oublier les soucis, c’est l’heure de déjeuner. La mère de Moustafa, une ancienne cheffe cuisinière dans un restaurant en Syrie a préparé un véritable festin : œufs sur le plat, hoummous, baba ghanoush, olives, fromages, confitures, que la famille déguste avec du pain.
Autant vous dire que notre envoyée spéciale va se régaler !
SAHTEN ! [Bon appétit !]
Nous remercions chaleureusement la famille AL MOUSTAPHA pour leurs précieux témoignages.