Corruption et matchs truqués, la face obscure du sport

Publié le 1er mai 2019

Benoît Delhauteur est journaliste à La Dernière Heure Les Sports, responsable du service sportif et spécialiste du football. Jonathan Lange est également journaliste au sein de la même rédaction, responsable du football étranger. Ils répondent tous les deux aux questions des globe-reporters Efe, Alper, David, Tunahan et Bora lycée Saint-Benoît à Istanbul.

Education, jeunesses d’Europe et sports

Une interview en amène parfois une autre. Nous sommes en train de discuter avec Thibaut Vinel, qui explique sa passion pour son métier de journaliste sportif quand, après son interview, nous lui posons la question suivante : « connaissez-vous quelqu’un qui puisse répondre aux questions des globe-reporters sur la corruption dans le milieu du football ? ».

Évidemment, dans une rédaction, qui plus est, celle de la Dernière Heure Les Sports, il y a de nombreux journalistes spécialistes du football ! Thibaut Vinel nous présente alors à Benoît Delhauteur, le responsable du service sportif et spécialiste du football.

Benoît Delhauteur accepte de quitter son ordinateur pendant quelques minutes pour répondre au questionnaire. Mais en regardant les questions de plus près, Benoît se rend compte qu’il n’a pas tous les éléments pour répondre précisément. Il décide de répondre à celles qui ne nécessitent pas de données précises. Puis, il transfère le reste des questions à un autre journaliste, Jonathan Lange. Ce dernier nous répond quelques heures plus tard par courriel.

Y a-t-il un cadre législatif européen contre la corruption dans le football ?

Jonathan Lange : Il n’y a pas de cadre législatif à proprement parlé, pour le football comme pour le sport, l’UE n’a pas de compétence spécifique.

Est-ce que tous les pays européens l’appliquer ? Ont-ils leurs propres régulations ?

Jonathan Lange : Les droits nationaux s’appliquent. Les pays sont donc en première ligne. Et donc les fédérations. Le conseil de l’Europe a par contre lancé un projet « keep crime out of football » en 2014 en association avec Europol.

Quels sont les pays européens où il y a le plus de cas de corruption ? Comment cela s’explique ?

Jonathan Lange : Établir une sorte de classement est très difficile. Souvent, les lanceurs d’alerte ou les journalistes sont à l’origine de révélation, par exemple en Angleterre avec le scandale qui a valu à Sam Allardyce d’être licencié après avoir dirigé la sélection anglaise pour une seule rencontre seulement. Plutôt que de corruption, il faut parler des corruptions. Les résultats de matches arrangés touchent souvent des pays où le salaire des joueurs est minime (il y a eu des cas dans différents pays, que ce soit en Europe de l’Est ou en Finlande), l’Italie a aussi eu droit à son lot de scandales comme la Turquie, la Grèce ou l’Espagne.

Avez-vous des statistiques sur la corruption d’arbitres et de joueurs ?

Jonathan Lange : La dernière étude en date a été publiée par Europol en 2013 avec une enquête sur 380 matches truqués. Les paris en ligne ont bien évidemment augmenté le phénomène.

Est-ce que les sanctions sont les mêmes pour les arbitres et pour les joueurs en cas de corruption ?

Jonathan Lange : À ma connaissance, oui. Si ce n’est pas le cas, elles devraient l’être…

En 2001, 80% des arbitres en Chine ont pratiqué la corruption. Quelles sont les statistiques pour les pays d’Europe ?

Jonathan Lange : Il m’est impossible de fournir des statistiques exactes.

En 2005, Steffen Karl, joueur de Chemnitzer FC est arrêté pour 9 mois à cause de trucage. Est-ce suffisant d’après vous ?

Jonathan Lange : La peine me paraît suffisante

Que pouvez-vous dire à propos du trucage de la Juventus en 2016. Quelles ont été les sanctions européennes pour cette équipe italienne ?

Jonathan Lange : La Juventus a longtemps été accusée, cela lui a permis de faire le ménage et de se reconstruire, car elle a perdu à l’époque la quasi-intégralité de ses joueurs qui ne voulaient pas évoluer en Serie B. Elle n’a pas mis longtemps à remonter, mais sanctionner ce club est un message fort. À l’échelle européenne, les sanctions ont été indirectes puisque le club, en évoluant en Serie B, n’a pas pu jouer de compétitions européennes.

Une interview réalisée en janvier 2018

Sources photographiques

La rédaction de la Dernière Heure © Globe Reporters
La rédaction de la Dernière Heure © Globe Reporters
À l’heure du déjeuner, ce n’est pas l’affluence dans les bureaux © Globe Reporters
À l’heure du déjeuner, ce n’est pas l’affluence dans les bureaux © Globe Reporters
Benoît Delhauteur, journaliste, à son bureau © Globe Reporters
Benoît Delhauteur, journaliste, à son bureau © Globe Reporters
La rédaction de la Dernière Heure © Globe Reporters
À l’heure du déjeuner, ce n’est pas l’affluence dans les bureaux © Globe Reporters
Benoît Delhauteur, journaliste, à son bureau © Globe Reporters

Sources sonores

  • Comment vous présenter ?

  • Y a-t-il beaucoup de problèmes de corruption au sein de l’UEFA ?

  • Est-ce que les affaires de corruptions ont diminué ces dernières années ?

  • Est-ce que vous pensez que les arbitres sont faciles à corrompre ?

  • Nous pensons que les arbitres sont souvent défavorables aux équipes turques. Qu’en pensez-vous ?

  • Que faudrait-il faire pour lutter contre la corruption ?

  • Est-il possible que la punition donnée à la Juventus soit plus dure que celle donnée aux équipes turques pour le même cas de trucage ?

  • Question bonus : quand on est journaliste, est-ce qu’on subit des pressions si on travaille sur des affaires de corruption ?

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