Deux professeures de l’association AMEL racontent leurs cours auprès d’enfants réfugiés au Liban
Publié le 26 janvier 2021
Les globe-reporters de l’école primaire l’Huisserie en Mayenne enquêtent sur l’accès à l’éducation des enfants de nationalité syrienne réfugiés au Liban. Ils.elles ont préparé des questions pour un.e enseignant.e. Mariam ABBAS et Jihan BOUGHANEM, professeures pour l’organisation AMEL, y répondent.
Education et jeunesses
Quand Sidonie arrive à Beyrouth, le lundi 4 janvier 2021, elle entame son travail de recherche de contacts assise à la terrasse d’un café. Elle ouvre son ordinateur, et en quelques clics, elle envoie ses premiers mails. Le jour même, elle apprend que le gouvernement libanais va mettre en place, deux jours plus tard, un confinement total du pays. Les écoles, collèges, lycées seront fermé.e.s.
Dans ces conditions, impossible d’envisager un reportage au sein d’une école afin de rencontrer élèves et professeures. Sidonie doit renoncer à recueillir des sons d’ambiance de la salle de classe ou de la cour de récréation. Mais des interviews peuvent être imaginées en dehors des établissements confinés… Et c’est la solution qu’envisage Sidonie.
Elle entre en contact avec l’association AMEL au Liban. Mariam ABBAS y est professeure de français, et Jihan BOUGHANEM, professeure d’anglais. Elles s’occupent des cours de soutien donnés par l’association. Les élèves peuvent venir au centre de l’organisation afin d’être aidés à faire leurs devoirs, ou être soutenus dans les matières où ils.elles ont des difficultés.
L’association intervient notamment auprès d’élèves réfugiés de Syrie et de Palestine. Pourtant, vous découvrirez que Jihan et Mariam ne sont jamais allées dans un camps de réfugié.e.s car elles interviennent d’abord dans des quartiers spécifiques et ne font pas partie des équipes dédiées à la situation dans les camps.
Vous allez découvrir que les interviews en visioconférence posent un problème à la réalisation d’un sujet illustré : la photographie. En raison du contexte particulier du confinement, Sidonie demande à l’association AMEL de lui envoyer des photographies. Les associations peuvent parfois faire appel à des photographes pour documenter leur travail. Ces photographies leur servent ensuite à communiquer autour de leurs actions, et à réaliser les plaquettes de présentation et de sensibilisation. Evidemment, un travail journalistique complet ne peut se satisfaire de cette matière. Pourquoi ?
Car illustrer n’est pas la même chose qu’informer. Parfois, la frontière est mince, mais le journaliste doit garantir l’indépendance d’un regard, d’un propos. Par exemple, dans le cas d’une école, aller photographier un reportage, ce n’est pas forcément chercher les sourires du personnel, la propreté d’un lieu, ou la concentration d’un élève… le journaliste doit être capable de sortir des clichés pour tenter de proposer un regard, un point de vue, qui correspond à la réalité du moment du reportage.
Donc idéalement, un.e journaliste prend des photographies, librement, au moment du reportage, ou est accompagné.e par un.e. photographe professionnel.le. Ce travail est apprécié car il est une oeuvre originale, avec un regard, une approche, une narration.
Bien sûr, pour ce sujet et vu les circonstances, nous nous adaptons, et c’est l’occasion de faire un point sur l’importance de la photographie dans le journalisme. Nous remercions chaleureusement l’association AMEL de nous avoir proposé et cédé les droits de diffusion de ces photographies. Vous remarquerez que certaines ont d’ailleurs été prises par un photographe qui demande à être crédité : Quentin BRUNO. Elles vous permettent d’imaginer un peu plus, ce qu’aurait pu photographier Sidonie, à sa manière.