« Il est très rare que les écoles soient des lieux de conflit »

Publié le 2 février 2016

Les élèves de seconde du Carmel Saint Joseph répondent aux globe-reporters Anouk, Romain, Johanna et Florentin, du collège Victor Schoelcher, à Champagney.

Education et jeunesse

Existe-t-il des écoles pour chaque religion ? Les écoles laïques existent-elles ?

Chaque communauté religieuse peut ouvrir un établissement scolaire privé : il existe donc des écoles dirigées par des institutions chrétiennes et d’autres par des institutions musulmanes.

Toutes les écoles publiques doivent respecter la laïcité des enseignements. Elles ont cependant le droit d’assurer une période d’enseignement religieux qui dépend généralement du public majoritaire de l’école. Un élève qui n’appartient pas à la communauté religieuse en question peut donc ne pas assister à ce cours. Toute école, publique ou privée, est tenue par la loi de veiller à ce que les enseignements religieux ne poussent pas aux extrémismes ni au rejet de l’autre.

Cette répartition religieuse à l’école entretient-elle de la tension au sein de la jeunesse libanaise ?

La question peut être vue sous différents angles. Beaucoup d’écoles dirigées par des institutions religieuses reçoivent des élèves de différentes religions. C’est le cas du Carmel Saint Joseph. L’école devient ainsi un lieu de rencontre. Les amitiés qui naissent entre des jeunes appartenant à différentes communautés dans les écoles sont souvent solides et continuent bien après la vie scolaire. Rares sont les écoles qui n’associent pas le discours religieux à un discours d’ouverture et de respect de l’autre.

La présence d’un discours religieux au sein de l’école peut accentuer le discours religieux fortement présent en dehors de l’école, et peut malheureusement donner à certains jeunes un sentiment d’identification à leur communauté religieuse plus fort que leur sentiment d’appartenance à leur pays.


Partie en cours sur le terrain extérieur, qui sert pour le basket et le foot.

Les écoles sont-elles mixtes ?

Contrairement à beaucoup de pays arabes, les écoles libanaises sont dans leur grande majorité des écoles mixtes. Il existe de rares écoles réservées uniquement aux filles ou aux garçons.

Est-ce forcément des enseignants qui enseignent ?

Il existe plusieurs possibilités :

-Des enseignants de plus en plus nombreux détiennent une licence d’enseignement, l’équivalent d’une licence et d’une première année de master. Dans cette catégorie, certains ont suivi au cours de leurs études universitaires des cours de pédagogie et de didactique, plus ou moins intenses selon le cursus universitaire. D’autres n’en ont pas suivi, mais comptent sur des stages et des formations assurées par différentes institutions éducatives. Pour qu’un enseignant soit cadre, dans une école privée ou publique, il doit généralement appartenir à cette première catégorie.

-Dans certains cas, les enseignants ont une licence dans la matière enseignée uniquement.

-Dans de rares cas, les enseignants ont suivi des spécialités qui leur donnent des connaissances dans certaines disciplines scolaires sans être spécialisés dans ces matières. Dans la plupart de ces cas, c’est lorsque les directions des écoles n’ont pas trouvé sur le marché du travail un nombre suffisant de personnes qualifiées.

Quelles sont les conditions de travail ?

Les conditions de travail dépendent beaucoup des établissements scolaires. Au Carmel Saint Joseph, nous avons de très bonnes conditions quant aux locaux, aux équipements, aux relations professionnelles et humaines. C’est le cas dans plusieurs établissements privés qui visent un certain niveau éducatif, avec des nuances liées aux choix éducatifs de la direction.

Dans certaines écoles, surtout parmi les écoles publiques, les conditions peuvent être difficiles : locaux non rénovés, non chauffés, pas de matériel technologique, pas de laboratoire, pas de CDI…

Les établissements sont-ils bien équipés ?

Notre établissement est bien équipé, pour assurer tous les enseignements et le bien-être de tous. C’est le cas dans plusieurs établissements privés qui visent un certain niveau éducatif. Les écoles publiques ont généralement un équipement minimal : tableaux verts, chaises et tables.

Les enseignants sont-ils du même sexe ?

Les enseignants sont des deux sexes dans toutes les écoles au Liban, y compris dans les rares écoles qui ne sont pas mixtes au niveau des élèves : les élèves sont tout de même enseignés par des hommes et des femmes.

Les conflits religieux sont-ils présents dans les écoles ?

Il est très rare que les écoles soient des lieux de conflit. Elles accueillent des enfants qui dès trois ans ont grandi ensemble, quelle que soit leur appartenance religieuse. 

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