Ce lycée a été construit en 1908 lors de la colonisation française. Visite à l’occasion de la fête de fin d’année des professeurs.
Carnet de route
Pas évident de pénétrer dans l’enceinte d’un établissement scolaire au Vietnam. En France aussi, me direz-vous : il faut demander une autorisation et nous n’avons pas le droit de vous prendre en photo sans l’autorisation de vos parents, car vous êtes mineurs, vous avez moins de 18 ans.
Au Vietnam, c’est un peu la même chose… en plus compliqué quand même. L’ambassade de France a dû demander une autorisation plusieurs semaines avant mon arrivée. Les demandes ne peuvent se faire que d’une administration à une autre. Les autorités vietnamiennes répercutent ensuite la demande au sein des établissements scolaires.
J’arrive donc un matin au lycée Chu Van An, du nom de l’enseignant vietnamien le plus célèbre, qui vécut en 1300. Les bâtiments aux murs jaunes évoquent l’architecture coloniale, les arbres immenses bordent la cour de récré dans laquelle des élèves tuent le temps en jouant au foot ou en se prenant en photo. En cette période de Têt, des banh chung sont distribués.
La salle des souvenirs, le musée de chaque établissement scolaire
Diep, enseignante de français, m’accueille. Elle me montre la salle des souvenirs, un espace assez sacré qui existe dans chaque établissement, une sorte de musée du lycée, où l’on peut voir par exemple une photo d’Ho Chi Minh en visite dans l’établissement, ou des photos d’anciens élèves.
Je suis ensuite reçue par la proviseure autour d’un thé. Elle me dit à quel point elle est honorée de ma présence, et je dis la même chose. Tout est protocolaire dans les écoles vietnamiennes.
J’échange ensuite avec des classes en français, il s’agit d’élèves d’une quinzaine d’années. Comme d’habitude, ils sont plutôt disciplinés, se lèvent en me voyant entrer dans la salle et m’accueillent d’un « Bonjour Madame » collectif et assourdissant.
Je leur pose des questions – vos questions – sur eux, leur mode de vie, ils me posent aussi des questions sur les jeunes Français : que font-ils après l’école, est-ce qu’ils ont beaucoup de cours, est-ce qu’ils sortent ? Et même… est-ce qu’ils se droguent ? Bon, je n’ai pas la réponse à tout.
Un lycée élitiste
Je les interroge aussi sur leurs rêves – devenir programmateur de jeux vidéos, me dit l’un, mais il n’existe pas encore de formation digne de ce nom dans ce domaine au Vietnam, ajoute-t-il. Beaucoup veulent étudier à l’étranger, mais pas forcément en France, plutôt en Australie, au Canada.
Je suis impressionnée par leur niveau de français ; ils comprennent ce que je dis et sont capables de débattre avec moi. « Ne pense pas que tous les élèves Vietnamiens ont le même niveau que ceux de ce lycée, glisse l’un de mes contacts à Hanoi. Le lycée Chu Van An, c’est comme Henry IV à Paris, c’est l’élite. Tu es étrangère, on te montre évidemment ce que l’on fait de mieux dans le pays. »
A la fin de la visite, je suis invitée à la fête de fin d’année des professeurs. Ils reçoivent des banh chung, pour célébrer le Têt. Une tombola est organisée, et chacun y va de son petit discours. Je m’étonne de les voir presque plus dissipés que leurs élèves ; le nez rivés sur leur smartphone, à papoter, dormir ou rigoler avec des collègues. Une fois le protocole passé, les mines sont plus détendues.
Sources photographiques
Chu Van An est considéré comme le plus grand enseignant vietnamien de tous les temps.
La cour de récré est immense !
Dans les couloirs, en attendant les cours.
Des élèves jouent au foot.
Visite de la salle des souvenirs, sorte de musée de l’école. Ici, une photo de Ho Chi Minh, en visite dans l’établissement scolaire.
Pendant la guerre du Vietnam contre les Américains, les cours étaient donnés à la campagne.
La vue, derrière le lycée.
En cette période de Têt, des banh chung sont distribués aux élèves et aux enseignants.
C’est l’heure de la pause !
Ces arbres sont impressionnants, non ?
Un banh mi à la main, j’entre dans le lycée Chu Van An, à Hanoi. Le gardien m’arrête illico. Interdiction de passer. Je dois appeler Diep, une enseignante, qui vient me chercher. Une fois l’autorisation accordée, le gardien est plus souriant !
Sources vidéo
Comment se passe une fête de fin d’année chez les enseignants au Vietnam ?