Rachelle CARDEANAS PAPAZZONI est guide conférencière, spécialiste des religions et de l’histoire réunionnaise. Elle répond aux questions des globe-reporters de l’école de l’Ourcq à Paris.
Economie, histoire et politique
Peux-tu rencontrer des familles qui ont des pirates comme ancêtres ?
Non, on ne rencontre pas facilement des descendants de pirates. Il faut que les familles aient gardé la mémoire de leurs ancêtres, or ce n’est pas souvent le cas. Au tout début du XVIIIe siècle, il y a environ 10% des familles bourbonnaises qui ont un pirate dans leur famille. Ils ne sont d’ailleurs pas tous français. En 1720, 10 à 15% de pirates se sont installés à Bourbon suite aux pardons royaux. Certains sont restés mais d’autres ont repris la mer après quelques temps car ils ne se faisaient pas à cette vie sédentaire et à la féodalité.
Comment les pirates abordaient-ils les autres bateaux ?
Les pirates utilisent des petites embarcations vivaces et mobiles pour se glisser n’importe où même sur les fonds rocheux. De plus, ces petits navires peuvent se rapprocher des gros plus rapidement. Au moment de l’abordage, l’équipage des pirates était divisé en deux groupes : un s’occupait des officiers et l’autre s’occupe de la Sainte-Barbe. Il faut comprendre que les matelots à l’époque n’étaient pas bien payés par les marines nationales. Ils ne se battaient pas, alors que le pirate lui, sait que s’il se fait attraper il va être pendu. Il se bat jusqu’à la mort ! C’est pourquoi les pirates étaient craints.
Est-ce que les pirates participaient au trafic des esclaves ?
Bien sûr, ce sont des bandits de grands chemins. Alors oui, ils avaient des idéaux libertaires mais ils n’avaient pas d’états d’âmes. D’ailleurs, beaucoup ont participé aux trafics d’esclaves à Madagascar pour se faire de l’argent. A Madagascar, ils s’étaient installés au Nord de l’île là où il y avait les vents alizés qui leur permettaient de prendre le large hiver comme été. Entre 1670 et 170, il y a donc une colonie de pirates installée au Nord de Madagascar. Ils vendaient les esclaves 10% moins cher. La traite d’esclave n’était pas leur activité principale mais comprenez qu’ils sont opportunistes : ils participent à ce trafic comme ils participeraient à tout autre trafic.
Comment punissait-on les pirates qui gardaient l’argent pour eux ?
Si c’est l’argent de l’équipage alors on les maronne, c’est-à-dire qu’on les abandonne sur une île déserte. Les pirates s’engagent dans un équipage en respectant ce qu’on appelle la charte partie. Ils s’engagent sur la durée de la course à respecter cette charte. Si le partage du butin créait une querelle, cela pouvait se régler par un duel à armes à feu. Cela dépend des époques et des capitaines.
Est-ce qu’ils avaient vraiment un crochet ?
(Rire) Ils portaient un crochet ou une jambe de bois s’ils avaient perdu un membre lors d’une bataille.
Comment est mort le célèbre pirate « la Buse » ?
La Buse a d’abord sévi dans les Caraïbes puis est passé par l’Afrique du Sud et le Cap de Bonne Espérance pour gagner l’île Bourbon. On ne connaît pas grand-chose sur lui. Il serait né à Calais sous le nom d’Olivier Le Vasseur, dans le Nord de la France. Il est connu pour s’être attaqué à La Vierge Du Cap, un bateau hollandais qui revenait de Goa, en Inde. Le navire vient se faire réparer à Bourbon. Et comme tout se sait dans la zone, La Buse prépare son coup avec un autre pirate du nom de Taylor. Une fois que l’équipage est descendu, les pirates grimpent à bord et s’emparent du navire. Taylor et La Buse se partagent le butin. Il s’agirait d’une somme en milliards d’euros. Les 250 matelots de La Buse reçoivent une trentaine de diamants. La Buse se retire à Madagascar environ dix ans, en dehors de la piraterie. Il n’accepte pas les pardons royaux et se cache. Mais il finit par être dénoncé, arrêté et pendu. Le jour de sa pendaison, la légende dit qu’il aurait jeté la carte de son trésor à la foule. Selon moi, cette histoire est inventée de toute pièce. De plus, il est peu probable qu’il ait pu garder la carte sur lui. Avant d’être pendu, La Buse a subi la question, c’est-à-dire la torture. Il a été torturé il n’aurait pas pu garder et cacher la carte sur lui. Les pirates cachaient leur trésor car ils ne pouvaient pas se balader avec. Mais il a peut-être avoué au gouverneur où se trouvait le trésor sous la torture. On ne peut pas vraiment savoir. Souvent d’ailleurs, ces histoires de trésor sont fausses et servent uniquement à entretenir la légende.
Où est-il enterré ?
On n’enterrait pas les criminels ! Selon les textes, il a été exposé sur la grève pour que la foule puisse le voir mort. La tombe de La Buse dans le cimetière marin de Saint-Paul ne renferme absolument pas son corps.
Dans quoi ils mettaient leurs pièces ? Des coffres ?
Ils mettaient les pièces d’or dans des jarres. Parfois, ils tuaient un membre de l’équipage pour protéger le trésor. C’était une sorte de sacrifice rituel. Il faut bien comprendre que les pirates étaient cruels. Souvent, les enfants imaginent le monde des pirates comme le dépeint Hollywood. Or les Pirates étaient des criminels et commettaient des crimes horribles. La seule chose qu’on peut leur reconnaître c’est leur énergie car ils avaient des conditions de vie très dures. Les traversées étaient très longues. Autant ils sont cruels et sanguinaires, autant ils ont le cran de vivre leur idéal de liberté. Le cinéma hollywoodien a fait beaucoup de dégâts sur l’image des pirates car ils y ont mis des bons sentiments, or il n’y en avait pas. Les pirates sont sans sentiment et sans pitié.
Sources photographiques
Rachelle Cadenas Papazzoni est guide conférencière, spécialiste des religions et de l’histoire réunionnaise.
Il a été difficile pour Sidonie de trouver des informations précises sur les pirates. A part l’histoire du pirate surnommé La Buse, la mémoire autour des pirates est peu entretenue. Et concernant la Buse, le mythe a souvent rattrapé la réalité. Peu d’histoires racontées sur le pirate sont prouvées. Alors quand Sidonie trouve une carte postale avec le portrait du célèbre marin, elle l’envoie aux globe-reporters de l’école primaire de l’Ourcq à Paris qui travaillent sur ce sujet.
Saviez-vous que La Buse serait originaire de la ville de Calais dans le Nord de la France ? Il y serait né sous le nom d’Olivier Vasseur. Vous pouvez voir son portrait sur la carte postale que vous avez reçu ! Il y a même une copie des inscriptions mystérieuses de sa carte aux trésors ... Mais comme tout ce que l’on sait sur le célèbre pirate, rien n’est peut-être vrai !
La tombe de La Buse au cimetière marin de Saint-Paul ne contient pas le corps du célèbre pirate !