Voilà déjà une semaine que Raphaël Krafft est arrivé à Conakry. Où l’on découvre les nombreuses difficultés à surmonter pour l’envoyé spécial des globe-reporters.
Carnet de route
Cher(e)s globe-reporters,
Je vous écris depuis l’école Hamdallaye située dans le quartier éponyme à Conakry où je me suis rendu ce matin pour interviewer son directeur. Impossible d’en partir, le quartier où je dois me rendre pour une nouvelle interview est bloqué par des violences entre policiers et jeunes lycéens comme c’est souvent le cas ici en Guinée avant une échéance électorale. À cela s’ajoute une grève des enseignants qui dure depuis des mois. Les manifestations qui l’accompagnent ne facilitent pas non plus les déplacements dans une ville située sur une presqu’île déjà congestionnée du matin jusqu’au soir.
Ceci pour vous dire que je fais face à beaucoup de contraintes pour aller à la pêche aux interviews que vous me demandez de réaliser. Je suis souvent dans l’obligation d’annuler ou de reporter des rendez-vous à cause des violences et dois compter parfois sur plusieurs heures de trajets pour me rendre d’un quartier à un autre.
Je voyagerai bientôt dans l’intérieur du pays où les embouteillages laisseront la place à un système routier défectueux, où les distances se comptent en heures voire en jours plus qu’en kilomètres. Pour vous donner un ordre d’idée, il me faudra trois jours pour parcourir le millier de kilomètres qui sépare Conakry des monts Nimba.
Pour cette raison, je concentrerai là-bas la majorité des interviews que vous m’avez commandées au sujet de la faune et de l’environnement. Autre contrainte, l’électricité qui est souvent coupée : je dois en permanence penser à recharger mon équipement composé de mon enregistreur, mon appareil photo, mon ordinateur et mes téléphones. Comme la batterie de mon ordinateur n’est pas éternelle, il m’arrive parfois de devoir cesser le travail faute de courant ou de faire des interviews dans le noir.
Communiquer est vital pour un journaliste. C’est ce qui me pose le moins de problèmes même si le wifi est quasiment inexistant en Guinée. J’accède à internet via le réseau 3G pour me documenter et vous envoyer photos et interviews. C’est lent, mais ça marche. J’ai une batterie externe pour recharger mes deux téléphones portables. L’un est équipé d’une carte SIM locale afin que cela me coûte moins cher en communication et que mes interlocuteurs puissent me rappeler sans dépenser une fortune. L’autre mon téléphone français, fonctionne aussi ici, je le garde sur moi en cas d’urgence.
Heureusement, mon travail est grandement facilité par la gentillesse et la disponibilité des Guinéens et des Guinéennes qui ne refusent jamais de nous accorder à vous et à moi un peu de leur temps. Par Nadine Bari, mon hôtesse, Carol Valade, le correspondant de Radio France Internationale qui m’aident à trouver de bons contacts. Et enfin par Alpha Oumar Bah, la personne qui me conduit à toute heure sur les routes défoncées de Conakry.
Si la situation sécuritaire le permet, je me rendrai mardi sur une des îles de Los au large de la capitale guinéenne pour respirer un air moins pollué et vous raconter comment les gens vivent dans cet endroit paradisiaque.
Salutations amicales et confraternelles,
Raphaël.
Sources photographiques
Manifestations contre la hausse du prix de l’essence dans la banlieue de Conakry en juillet 2018 ©Carol Valade
Interview dans la pénombre d’Idrissa BAH, militante guinéenne pour le droit des femmes et des enfants dans l’appartement de ses parents à Conakry.
Embouteillage matinal à la sortie du quartier de Kipé en direction du centre-ville de Conakry.
Le matériel de notre envoyé spécial sur la table de la terrasse de Nadine où il travaille.
Alpha Oumar BAH, le chauffeur qui conduit notre envoyé spécial partout dans Conakry.