L’accès à la santé, un luxe dans les villages du Burkina Faso

Publié le 15 février 2017

Soeur Catherine est une infirmière qui habite et travaille à Niego, dans le sud du Burkina Faso, mais elle est originaire du Ghana. Sa famille vit de l’autre côté de la frontière, à une vingtaine de kilomètres de Niego. Sœur Catherine témoigne des conditions de soins dans cette commune rurale à la demande des globe-reporters Mfoutou, Raphaël et Yannis du collège Saint Joseph, au Pré Saint Gervais (93).

Vie quotidienne

Sœur Catherine dirige un petit centre médical qui peut offrir des soins de base. Le dispensaire est tenu par l’église catholique. Il est faiblement soutenu par une ONG britannique. En cas de maladie, c’est le premier endroit où se rendent les habitants de Niego car les soins sont gratuits.

Le dispensaire des Soeurs est petit et peu fourni en médicaments, mais tous les jours des patients se présentent. « Surtout des femmes avec des enfants, explique Soeur Catherine qui affirme que diarrhées et paludisme sont les maladies les plus fréquentes dans cette région du pays. »

Le français de Sœur Catherine est approximatif, mais cela ne l’empêche pas de communiquer avec les habitants de Niego car des 2 côtés de la frontière, les habitants ont une langue commune : le Dagara. Pour réaliser l’interview, l’envoyée spéciale des globe-reporters a eu besoin de l’aide Roméo qui est venu l’accueillir à la descente du bus.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Sœur Catherine. Je sus originaire du Ghana. Je suis venu m’installer à Niego en novembre 2004. Cela fait plus de 12 ans que je vis et que je travaille dans cette paroisse. J’ai fait des études d’infirmière et j’ai travaillé pour le gouvernement ghanéen. Après ma retraite, je suis venu ici pour continuer à aider les gens en les soignant. Je fais partie de la congrégation des Sœurs de l’Immaculée Conception. Notre congrégation a été mise en place par les Pères blancs et est présente dans plusieurs endroits du Burkina Faso. Il y a aussi des Sœurs au Ghana.

L’infirmière Soeur Catherine devant le dispensaire

Avez-vous suffisamment de matériel afin d’exercer votre métier correctement ?

Nous n’avons pas tout le matériel dont nous aurions besoin. Nous avons pris contact avec une ONG en Angleterre qui nous envoie des médicaments. Mais les médicaments qui sont envoyés sont en général pour les adultes alors que nous recevons surtout des enfants qui souffrent de paludisme (ou malaria). Ces médicaments sont donc inutilisables. Une autre difficulté est que les gens sont pauvres et on doit souvent donner des soins et des médicaments gratuits.
Avant j’étais aussi accoucheuse, mais vu mon âge j’ai arrêté. Quand une femme enceinte se présente, nous la référons au Centre de Soins et de Promotion Sociale (CSPS) qui est à Dano (chef lieu du disctrict). Quand nous ne pouvons pas soigner les patients, nous les envoyons au CSPS.
Au niveau des prescriptions, comme j’écris en anglais il peut y avoir des erreurs d’interprétation de mes ordonnances.

De quoi souffrent les habitants de votre village ?

La maladie qui fatigue le plus la population de Niego est le paludisme (ou malaria). En plus de cela, nous avons les maladies diarrhéiques qui sont la conséquence du manque d’eau. Les habitants sont obligés de boire de l’eau non potable ce qui provoque ces maladies et des dysenteries.
Nous avons aussi beaucoup d’infections pulmonaires, des problèmes d’anémie surtout chez les enfants en raison d’une mauvaise alimentation. Les adultes souffrent de pneumonie surtout en cette période plus froide avec beaucoup de vent et de poussière. Nous avons aussi des infections ORL. Les gens soignent parfois de manière traditionnelle. Ils font des incisions. Mais ils blessent plus qu’ils ne soignent et peuvent provoquer la surdité.
Et puis, il y a la maladie des yeux qui provoque beaucoup de fatigue.

Est-ce que les habitants de ce village sont tous vaccinés ?

Dans notre centre, nous ne faisons pas de vaccinations. Au CSPS, le gouvernement organise des campagnes de vaccination. Du temps de ma jeunesse au Ghana, je participais à des campagnes de vaccination. Quand je suis arrivée ici, je voulais trouver des moyens pour vacciner la population, mais je n’ai pas réussi donc on réfère les gens au CSPS.

Soeur Catherine et Roméo SOMDA qui fait la traduction du Dagara au français.

Est-ce que la pollution est un souci pour la santé dans votre village ?

Nous souffrons de la pollution. Les conditions d’hygiène, d’assainissement ne sont pas respectées. Il n’y a pas assez de toilettes. Nous avons construit des latrines au niveau du centre, mais beaucoup de filles refusent de les utiliser et préfèrent faire leurs besoins à l’extérieur. Ces pratiques polluent notre environnement. Certaines familles vivent dans des conditions d’insalubrité.
Nous avons pris l’initiative, tous les lundis ou vendredi, de donner des consignes aux jeunes filles qui viennent au centre sur leur toilette personnelle et sur la propreté au sein du foyer. Nous espérons que cela va changer les pratiques.

Avez-vous un dernier mot pour les globe-reporters ?

Ici, les conditions de vie de la population ne sont pas bonnes. Quand je vais au Ghana, je dis aux gens qui ont des vêtements à jeter de me les donner. Je les récupère et lors des fêtes de Noël, je les redistribue aux enfants nécessiteux.
Je lance un cri du cœur. Si chez vous, vous avez des choses à jeter, ne les jetez pas. Pensez à moi. Je peux les récupérer pour ces enfants.

Attention, le dialogue est en dagara et la traduction en français de Roméo suit les réponses de Soeur Catherine.

Sources photographiques

La clinique tenue par les soeurs est le premier endroit où viennent femmes et enfants malades à Niego car elle est complètement gratuite.
La clinique tenue par les soeurs est le premier endroit où viennent femmes et enfants malades à Niego car elle est complètement gratuite.
Soeur Catherine GYINOKANG, chef infirmière de cette clinique, affirme que l’eau est la cause de la plupart des maladies des enfants de Niego.
Soeur Catherine GYINOKANG, chef infirmière de cette clinique, affirme que l’eau est la cause de la plupart des maladies des enfants de Niego.
La clinique manque de moyens pour pouvoir donner gratuitement tous les médicaments nécessaires.
La clinique manque de moyens pour pouvoir donner gratuitement tous les médicaments nécessaires.
Les médicaments de la clinique des soeurs sont donnés par des ONGs internationales, mais ne suffisent pas.
Les médicaments de la clinique des soeurs sont donnés par des ONGs internationales, mais ne suffisent pas.
Le stock de médicaments de la clinique est maigre.
Le stock de médicaments de la clinique est maigre.
Soeur Catherine reçoit en moyenne 20 patients par jour.
Soeur Catherine reçoit en moyenne 20 patients par jour.
Soeur Catherine et Roméo SOMDA qui fait la traduction du Dagara au français.
Soeur Catherine et Roméo SOMDA qui fait la traduction du Dagara au français.
Le paludisme et les diarrhées sont les maladies le plus courantes entre les habitants de Niego.
Le paludisme et les diarrhées sont les maladies le plus courantes entre les habitants de Niego.
Soeur Catherine reçoit l’envoyée spéciale des globe-reporters dans son cabinet.
Soeur Catherine reçoit l’envoyée spéciale des globe-reporters dans son cabinet.
La clinique tenue par les soeurs est le premier endroit où viennent femmes et enfants malades à Niego car elle est complètement gratuite.
Soeur Catherine GYINOKANG, chef infirmière de cette clinique, affirme que l’eau est la cause de la plupart des maladies des enfants de Niego.
La clinique manque de moyens pour pouvoir donner gratuitement tous les médicaments nécessaires.
Les médicaments de la clinique des soeurs sont donnés par des ONGs internationales, mais ne suffisent pas.
Le stock de médicaments de la clinique est maigre.
Soeur Catherine reçoit en moyenne 20 patients par jour.
Soeur Catherine et Roméo SOMDA qui fait la traduction du Dagara au français.
Le paludisme et les diarrhées sont les maladies le plus courantes entre les habitants de Niego.
Soeur Catherine reçoit l’envoyée spéciale des globe-reporters dans son cabinet.

Sources sonores

  • Avez-vous suffisamment de matériel afin d’exercer votre métier correctement ?

  • De quoi souffrent majoritairement les habitants de votre village ?

  • Est-ce que les habitants de ce village sont tous vaccinés ?

  • Est-ce que la pollution est un souci pour la santé dans votre village ?