Lilian THURAM : « Soyez fiers de ce que vous êtes. Vous avez la capacité de changer les choses »
Publié le 15 mars 2021
Ayşenur, Öykü, Defne, Zeynep, Can, Alvin, Nazli et Selin, du lycée Saint-Benoit à Istanbul, suivent de près le mouvement Black Lives Matter et les affaires de racisme en France. Leur enquête les conduit à interviewer Lilian THURAM, l’ex-footballeur, vainqueur avec l’équipe de France de la Coupe du Monde de football 1998. Aujourd’hui, Lilian THURAM est très engagé dans la lutte contre le racisme avec la fondation qui porte son nom.
Droits humains, solidarités et citoyenneté
Les rédactrices en chef Selin et Nazli racontent la gestation de cette rencontre avec Lilian THURAM.
« Dans notre groupe, nous avons choisi de travailler sur le racisme et les associations qui luttent contre cette discrimination. Depuis plusieurs années, nous voyons beaucoup d’affaires de racisme en France. Il y a aussi le mouvement Black Lives Matter que nous avons suivi sur les réseaux sociaux. Ce contexte nous a inspiré cette enquête. Nous avons voulu interroger une association qui connait bien ce sujet pour partager des informations de qualité. »
À Istanbul, la rédaction du lycée Saint-Benoit est accompagnée par le journaliste Nicolas CHEVIRON. Et pour enquêter à Paris, la correspondante de la rédaction est la journaliste Valérie ROHART. Selin et Nazli poursuivent leur récit.
« Pour préparer cette interview, nous nous sommes réunis pendant plusieurs mercredis. Nous avons travaillé avec un logiciel de visioconférence. Puis, nous avons envoyé nos questions à Valérie. »
À Paris, Valérie démarche plusieurs associations. Elle nous raconte cela dans Lilian THURAM : « Il faut connaître l’histoire du racisme pour éduquer sur le sujet ». Un rendez-vous est programmé avec la fondation Lilian THURAM et son fondateur, l’ex-joueur de football. En temps ordinaire, les correspondants vont à la rencontre des personnes à interviewer et les rédacteurs et rédactrices en chef découvrent les réponses à leurs questions sur le site Internet. Cette fois, l’occasion se présente d’organiser une rencontre vidéo avec Lilian THURAM, Valérie et la rédaction de Saint-Benoit.
« Quand nous avons su que Lilian Thuram acceptait de nous rencontrer, nous avons réorganisé les questions, expliquent Selin et Nazli. Nous avons rajouté quelques questions, notamment sur le contexte actuel dans le monde du ballon rond et sur ce qui s’est passé en décembre 2020, lors du match Paris Saint-Germain et l’équipe turque de Basaksehir quand, suite aux propos racistes d’un arbitre, les joueurs ont stoppé le match. »
Pour faire connaître leur travail, Nazli, avec l’accord des autres membres de la rédaction, prend contact par courriel avec l’équipe du Petit Journal d’Istanbul, un média numérique francophone. Elle explique le projet EMICE+, notre envie d’en savoir plus sur les autres pays en Europe et les raisons du choix de ce reportage sur le racisme.
Le projet EMICE+ retient l’attention du Petit Journal. La responsable désire en savoir plus et une rencontre virtuelle est organisée. La journaliste appelle également l’enseignant coordonnateur, Virgile MANGIAVILLANO qui confirme que les élèves travaillent de manière autonome et que c’est bien leur projet, leur idée, leurs questions qui sont posées à Lilian THURAM.
Quelques heures avant l’interview, un article est publié sur le site Le Petit Journal : « Quand les élèves de Saint-Benoît interviewent Lilian THURAM ». Un lien est partagé pour que des lecteurs ou lectrices du Petit Journal puissent participer en mode auditeur. Une information qui parvient à la rédaction du service international de la Deutsche Welle, la radio publique d’Allemagne. Elle missionne le journaliste Ali FARHAT pour suivre l’entretien. Des élèves du Lycée français Pierre Loti d’Istanbul participent également à la rencontre.
« L’interview était très intéressante, concluent Nazli et Selim. Dans le cadre du projet, le fait d’avoir la possibilité de poser nous-même nos questions à Lilian THURAM a été une grande aventure. »
Un entretien réalisé le 10 mars 2021
Sources sonores
Nazli explique le projet EMICE+ à Lilian THURAM
Noah : Est-ce qu’aujourd’hui le terme raciste n’est pas mis à toutes les sauces ? Est-ce qu’il n’y a pas d’abus de ce mot pour de petites embrouilles ?
Defne : Vous parlez des droits des migrants, de ceux des femmes, des problèmes d’environnement. Pensez-vous que la réussite dans le combat contre le racisme pourrait avoir un effet positif sur le combat contre le sexisme, par exemple ?
Sacha : Pensez-vous que l’éducation par rapport à l’égalité, la tolérance et le respect qui se fait dans les établissements scolaires devrait être plus présente ?
Ayşenur : Quelle est la plus grande erreur que les gens font quand ils veulent combattre le racisme ? Quelles sont les formes de racisme qui sont toujours présentes aujourd’hui et qu’on ne reconnaît pas ?
James : Est-ce que vous avez remarqué un changement de mentalité au sein des équipes de foot ? Est-ce que le racisme se développe aussi au sein des coéquipiers d’une même équipe ? Est-ce le même climat qu’à votre époque ?
Öykü : Que pensez-vous ce qui s’est passé lors du match entre le Paris Saint-Germain et le club turc du Basaksehir ?
Nazli : Quand vous étiez joueur de foot, avez-vous rencontré des obstacles ? Comment les avez-vous surmontés ?
Pelin : Est-ce que vous avez un conseil à donner aux jeunes qui veulent agir sans subir le racisme ?
Question bonus : le 31 mai 2020, lors de la 29ème journée du championnat d’Allemagne, votre fils Markus a marqué un doublé. Lors de son premier but, il a posé un genou à terre pour protester contre les violences policières. Qu’avez-vous ressenti en voyant ces images ?
Question bonus : est-ce que le racisme n’est pas aussi la question de personnes qui sont mal dans leur peau et qui ont des névroses et des problèmes avec les autres ?
