À Maripasoula, les agricultrices d’Oli-taanga défendent l’idée que l’union fait la force
Publié le 13 février 2020
Monique TOPO préside l’association Oli-taanga de Maripasoula. Elle répond aux globe-reporters Chloé, Lucas, Clarissa et Matisse du collège Victor DURUY de Châlons-en-Champagne et aux questions d’Alice, Mathis, Lou Anne et Jonathan de l’école de la Porte d’Ivry, à Paris.
VIE QUOTIDIENNE
Lors de leurs recherches de sujets de reportage, les globe-reporters du collège Victor DURUY tombent sur un article du site Paysan-breton.fr intitulé « En Guyane, Maripasoula mise sur ses fruits et légumes ». Pour en savoir plus, ils missionnent leur envoyée spéciale, Anne PASTOR, pour aller à la rencontre des femmes de l’association Oli-taanga cité dans l’article.
Anne se lance donc à la recherche d’un contact. Sur internet elle ne trouve ni téléphone ni adresse mail. Elle se tourne alors vers l’antenne de Maripasoula du Parc amazonien avec qui elle est en contact pour réaliser d’autres reportages. Le Parc soutient des projets agricoles avec les populations locales, dont le projet Oli-taanga. Il est alors facile à notre envoyée spéciale de joindre la présidente qui s’appelle Monique TOPO.
Monique donne rendez-vous à Anne au siège de l’association qui fait face à l’office du tourisme. Facile à trouver. Monique arrive en portant un parapluie pour se protéger du soleil. Elle boite suite à la morsure dans son jardin, quelques mois plus tôt, d’un grage, une des espèces de serpent les plus dangereux de Guyane. Elle se remet à peine de la morsure.
Anne et Monique s’installent sous la véranda pour parler de cette association créée en 2017 à l’initiative d’une vingtaine de producteurs et de productrices. L’association regroupe surtout des femmes bushinenguées comme Monique qui souhaitent développer l’agriculture maraichère et des produits transformés.
Ces travailleurs et travailleuses du sol sont confrontés à l‘éloignement de leurs abatis traditionnels et à une production très aléatoire. Pour les aider, la commune reçoit des subventions européennes et un programme de développement de la production fruitière et maraîchère est engagé. Il est question de la mise à disposition d’un terrain agricole proche de Maripasoula à gérer en commun.
Pour accompagner ce projet, le Parc amazonien a missionné pendant trois ans Stécyna KIKI. C’est une spécialiste qui a accompagné l’association aussi bien dans les démarches administratives que dans l’apprentissage de la transformation des produits. La mission de Stécyna KIKI avait pour but la recherche de circuits de commercialisation et la mise en place de formations pour apprendre à transformer les produits et mieux nourrir la terre.
En 2020, Monique TOPO ne vit pas de son travail agricole. Elle est employée au collège de Maripasoula où elle fait des travaux de nettoyage. Elle ne peut cultiver son abatis qu’une fois par semaine.
Après avoir répondu aux questions, Monique propose à Anne d’aller faire un tour au marché et de visiter le point de vente de produits de l’association qui est situé à l’Office du Tourisme. Monique est fière de ses confitures, de ses piments et des jus qu’elle fabrique. Elle espère qu’ils seront un jour en vente sur le littoral et pourquoi pas en métropole.
Après la ballade, Monique donne le contact de Madame Stécyna KIKI à qui Anne écrit. Quelques jours plus tard, le message suivant arrive dans sa boîte à courriels.
J’ai aidé cette association qui a été créée par des agriculteurs/trices qui ont envie de travailler et de faire progresser leur production individuelle. Ces agriculteurs ont déjà participé à des associations agricoles qui n’ont pas fonctionné. Forts de ces mauvaises expériences, ils ont décidé de s’appeler symboliquement Oli-taanga ce qui signifie en langue aluku « tenir ferme ou tenir bon ».
En Guyane, les saisons sont moins marquées qu’en zone tempérée. Il y a deux saisons : la saison des pluies et la saison sèche. C’est un climat tropical humide. La saison de pluies est marquée par des pluies abondantes et la saison sèche par l’absence de pluie. L’air reste tout de même toujours humide et pendant la saison sèche, il fait très chaud.
Dans ces conditions, la terre demande beaucoup de travail. Dans ces zones humides et forestières, il faut de gros travaux pour prendre une parcelle à la forêt. Les mauvaises herbes repoussent très vite. Les sols sont pauvres et nécessitent des techniques pour faire vivre le sol. Les parcelles sont enclavées, souvent sont très loin de la ville. Il y a aussi le manque d’outils et de matériels, le coût des moyens de transport et le peu de main d’œuvre.
Les plantes cultivées sont essentiellement le manioc ou autres tubercules, les bananes, le riz, des légumes feuillus, de l’arachide, etc. Peu de parcelles peuvent être irriguées faute de matériel.
La production est vendue directement au consommateur. Les produits transformés sont disponibles à l’office du tourisme, dans deux autres supérettes de Maripasoula et durant les marchés mensuels. Il y a aussi des évènements à Maripasoula, dans la région ou sur le littoral qui permet de vendre ces produits. Les acheteurs sont des métropolitains, des touristes étrangers et quelques locaux, mais cela dépend beaucoup des produits.
En 2020, ces producteurs et productrices ne peuvent pas vivre de leurs récoltes.
Un reportage réalisé en janvier 2020
Sources photographiques
Un abatis en pleine forêt – crédit Stécyna KIKI
Une femme fauchant son abatis – crédit Stécyna KIKI
Pause après une journée de labeur à l’abatis en compagnie de Stécyna KIKI – crédit Stécyna KIKI
Un couple à l’abattis. L’homme prépare le sac de manioc à porter pour la femme – crédit Stécyna KIKI
Agricultrice transportant du manioc – crédit Stécyna KIKI
Le siège de l’association Oli-taanga
Monique TOPO devant ses produits vendus dans une boutique de Maripasoula.
Monique fait le point avec la boutiquière.
Lors d’une formation sur la transformation des fruits, observation vi un réfractomètre, un appareil qui mesure la quantité de sucre – crédit Stécyna KIKI
Plan d’arachide.
Plan de piment rouge.
Monique devant des pois d’angole.
Avec une poignée de basilic en main.
Monique TOPO accompagne Anne au marché.
Au marché, un étalage.
Pastèques et autres fruits récoltés dans les abatis.
Même si les productions ne sont pas labélisées, tous ces produits sont bios.
Sources sonores
Pouvez-vous présenter et nous parler de votre association.
Les saisons sont-elles bien marquées ici ? En été et en hiver, qu’est-ce qui change dans un climat équatorial ?
Y a-t-il plus de pluies, de vent ou plus de périodes chaudes, des canicules comme cet été en France ?
Est-il difficile de cultiver la terre dans votre région ? Pourquoi
Quelles sont les plantes cultivées pour l’alimentation ? Présentez-en quelques-unes.
Y a-t-il un accès facile à l’eau pour cultiver des fruits et légumes ? Êtes-vous obligés d’irriguer ? Utilisez-vous des engrais et des pesticides ?
Pouvez-vous nous donner des exemples de plats typiques guyanais ? Quelle est votre recette préférée avec vos produits ?
Pourquoi avez-vous décidé de créer l’association Oli-taanga ?
Comment commercialisez-vous vos productions ? Qui sont vos principaux clients ?
Arrivez-vous à vivre de votre production ?
Question bonus : Qu’est-ce que veut dire Oli-taanga ?
Question bonus : Quel est le rêve de la présidence de l’association Oli-taanga ?
Question bonus : Qu’est-ce qui vous a impressionné lors de vos voyages d’études
Question bonus : À quelle distance du village sont vos abatis ?
Question bonus : Quels produits proposez-vous à la vente ?