Chassés des forêts qui les nourrissaient et les soignaient, les pygmées-bagyeli de la région de Campo sont abandonnés de tous

Publié le 23 février 2024

Hugo, Lison et Marie-Gabrielle du Collège Claude Tillier de Cosne-sur-Loire souhaitent interviewer un membre de la communauté pygmée. Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo, répond à leurs questions.

Développement durable et environnement

Les globe-reporters du Collège Claude Tillier de Cosne-sur-Loire demandent à notre envoyé spécial au Cameroun, le journaliste Raphaël KRAFFT, de rencontrer un membre de la communauté pygmée. Avant de se rendre dans la région de Campo, Raphaël sollicite un avocat chargé de défendre les personnes victimes de la déforestation occasionnée par l’installation à la légalité contestable d’une entreprise qui prévoit de produire de l’huile de palme dans la région. Plusieurs milliers d’hectares de forêt ont déjà été rasés sur les 50 000 que prévoit le projet.

L’un des contacts que l’avocat fournit à Raphaël est le chef traditionnel de Nazareth, un village directement affecté par ce projet où vivent également des pygmées-bagyeli. Problème, il est impossible de joindre le chef, il n’y a pas de réseau dans son village. Raphaël compte sur sa bonne fortune et se rend directement à Nazareth. Le chef s’est absenté. Quand reviendra-t-il ? Nul ne le sait.

Un homme âgé propose une chaise à Raphaël sur la terrasse ombragée de sa maison. Il s’appelle Alphonse DAUDET, comme l’auteur des Lettres de mon moulin. Interloqué, Raphaël lui demande l’origine de ce patronyme. "Mes parents ont commencé par m’appeler Pie XII, du nom du pape, se remémore-t-il. Quand j’ai compris que c’était le nom d’un pape, j’ai dit à mon père : "Mais papa, je ne serai jamais pape, ne peut-on pas m’appeler autrement ?" C’est ainsi que mon père me baptisa Alphonse DAUDET avant que je n’entre à l’école en m’assurant que c’était un grand écrivain et un grand intellectuel."

Le chef n’est toujours pas là quand Alphonse DAUDET me demande : "N’est-ce pas le chef pygmée que tu veux voir ? Parce qu’il habite tout proche d’ici." Moi qui voulais respecter l’ordre protocolaire et qui m’inquiétais de repartir bredouille, j’aperçois Sa Majesté Henry que Patrick, mon ami moto-taxi, est allé chercher chez lui. Comme il ne parle pas français, c’est Alphonse DAUDET, lui-même ! qui assure la traduction simultanée.

Un reportage réalisé le 15 février 2024

Sources photographiques

Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo © Globe Reporters
Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo © Globe Reporters
Alphonse DAUDET, traducteur de l’interview de Sa Majesté Henry © Globe Reporters
Alphonse DAUDET, traducteur de l’interview de Sa Majesté Henry © Globe Reporters
Sur la moto de Patrick avec Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo, en route pour son domicile © Globe Reporters
Sur la moto de Patrick avec Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo, en route pour son domicile © Globe Reporters
Comme la plupart des membres de sa communauté, Sa Majesté Henry vit dans le plus grand dénuement depuis qu’il n’a plus accès à la forêt pour se nourrir et se soigner © Globe Reporters
Comme la plupart des membres de sa communauté, Sa Majesté Henry vit dans le plus grand dénuement depuis qu’il n’a plus accès à la forêt pour se nourrir et se soigner © Globe Reporters
Pour faire fuir les éléphants, on a distribué des ruches aux personnes affectées par les conflits homme-animaux. Le résultat semble mitigé © Globe Reporters
Pour faire fuir les éléphants, on a distribué des ruches aux personnes affectées par les conflits homme-animaux. Le résultat semble mitigé © Globe Reporters
Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo © Globe Reporters
Alphonse DAUDET, traducteur de l’interview de Sa Majesté Henry © Globe Reporters
Sur la moto de Patrick avec Sa Majesté Henry, chef de la communauté des pygmées-bagyeli de la région de Campo, en route pour son domicile © Globe Reporters
Comme la plupart des membres de sa communauté, Sa Majesté Henry vit dans le plus grand dénuement depuis qu’il n’a plus accès à la forêt pour se nourrir et se soigner © Globe Reporters
Pour faire fuir les éléphants, on a distribué des ruches aux personnes affectées par les conflits homme-animaux. Le résultat semble mitigé © Globe Reporters

Sources sonores

  • Pouvez-vous vous présenter ?

  • Depuis combien de temps souffrez-vous de la déforestation ?

  • Que deviennent les espaces déforestés près de chez vous ?

  • Avez-vous été obligé de vous déplacer à cause de la déforestation ? Où vivez-vous dorénavant ?

  • Trouvez-vous que la situation s’est aggravée récemment ?

  • Qu’est-ce que la déforestation a changé dans votre vie ?

  • Avez-vous déjà̀ tenté des actions pour lutter contre la déforestation ?

  • Êtes-vous en contact avec des associations qui peuvent vous venir en aide ?

  • Connaissez-vous des personnes qui ont quitté la région à cause de la déforestation ?

  • Question bonus : Est-ce que malgré tous ces malheurs vous réussissez à chasser et à cueillir des plantes médicinales ?

  • Question bonus : Ressentez-vous une hausse des températures depuis la coupe des arbres ?

  • Question bonus : Avez-vous observé des changements chez la faune et la flore ?

  • Question bonus : Vous a-t-on incité à planter du piment ou à avoir des ruches pour protéger vos champs ?

  • Question bonus : Les promesses de développement et d’emplois de Camvert et Sinosteel qui s’installent dans la forêt sont-elles tenues ?

  • Question bonus : Est-ce que la déforestation a causé la destruction de vos lieux rituels ?

  • Question bonus : Avez-vous un message à adresser aux globe-reporters ?

Téléchargements

Les partenaires de la campagne

  • 01 Ministère de la Culture et de la Communication