Chasseurs ou animaux ; qui sont les « nuisibles » ?

Publié le 24 décembre 2020

Mehdi, Mohamed, Romeoh, Mathis et Marie, de Dreux, s’intéressent aux animaux « envahissants » ou considérés « nuisibles » au sein de leur département, en Eure-et-Loir. Pour répondre à leurs questions, Chloé DUBOIS, notre envoyée spéciale, va à la rencontre d’Anna RODRIGUEZ, qui travaille au Musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle de Châteaudun. Elle œuvre aussi en tant que naturaliste bénévole au sein de l’association Eure-et-Loir Nature (ELN).

Portraits

Chaque reportage est une nouvelle aventure, avec des difficultés à surmonter. Voici les obstacles que notre envoyée spéciale a dû franchir avant de se retrouver à Châteaudun pour rencontrer la naturaliste Anna RODRIGUEZ. C’est sans doute de la personne la mieux placée pour répondre aux questions de Mehdi, Mohamed, Romeoh, Mathis et Marie, du collège Albert Camus qui s’interrogent sur les animaux « envahissants » en Eure-et-Loir et sur leurs éventuelles nuisibilités.

En travaillant sur leur sujet, les rédacteurs et rédactrices en chef découvrent que le ministre chargé de la chasse peut fixer par 3 arrêtés :
- la liste des espèces classées nuisibles pour l´ensemble du territoire national,
- la liste des espèces classées nuisibles dans tout ou partie d´un département,
- et celles susceptibles d´être classées nuisibles localement par arrêté préfectoral.

Il est précisé que « le classement d´une espèce nuisible sera justifié par l´atteinte que peut porter l´espèce à la santé et à la sécurité publiques, à la protection de la flore et de la faune ou aux activités agricoles, forestières, aquacoles, et à d´autres formes de propriété ».

C’est ainsi que la belette, la fouine, la martre, le putois, le renard, le corbeau freux, la corneille, l’étourneau sansonnet, le geai des chênes et la pie bavarde peuvent être classés comme espèces nuisibles par arrêté ministériel, dans les départements et pour une période de trois ans après proposition faite par la Commission départementale de la Chasse et de la Faune sauvage dans sa formation spécialisée « Nuisibles ».

En Eure-et-Loir, le Renard, la Fouine, le Corbeau Freux, la Corneille et la pie bavarde sont classés nuisibles par arrêté ministériel. D’où viennent ces animaux ? Sont-ils originaires d’un autre territoire ? Et sont-ils vraiment nuisibles ? Pour mieux comprendre, les globe-reporters proposent de rencontrer une personne travaillant au sein d’une association de protection de la faune et de la flore sauvage - Eure-et-Loir Nature (ELN) - ou d’une personne qui travaille au sein de la préfecture du département.

Anne RODRIGUEZ navigue entre ces deux univers. En tant qu’agente qualifiée du patrimoine au Musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle, Anna représente la ville de Châteaudun au sein de la Commission de la chasse et de la faune sauvage au sein de la Préfecture d’Eure-et-Loir. Mais elle est aussi naturaliste et bénévole au sein de l’association d’ELN. Cette double casquette lui permet de bien connaître son sujet, et de nous expliquer les enjeux qui se cachent derrière les termes « nuisible », ou « envahissants » qui servent - notamment dans le monde de la chasse – donne un permis de tuer certains animaux.

Lorsque Chloé entre en contact avec Anna RODRIGUEZ, celle-ci est tout à fait partante pour se prêter au jeu de l’interview. Discuter avec des élèves fait partie de son métier et il s’agit, selon elle, d’une mission indispensable. Mais en tant qu’employée municipale, il nous faut l’autorisation du maire de la ville de Châteaudun pour aller à sa rencontre.

Une dizaine de jours plus tard, nous recevons enfin l’accord du maire et convenons donc d’un rendez-vous. Malheureusement, la veille au soir, notre journaliste est contrainte d’annuler son reportage à cause d’un accident survenu sur les voies ferrées - alors même que celle-ci prévoit de prendre le train pour se rendre à Châteaudun.

Une poutre de béton pesant plusieurs centaines de tonnes vient de s’effondrer sur les voies de la Gare d’Austerlitz, à Paris. Des semaines de travaux sont annoncées pour l’évacuer et réparer les rails. Après un long moment d’hésitation – est-il vraiment possible de réaliser cette interview ? - un nouveau rendez-vous est organisé in extremis, juste avant les vacances scolaires.

Notre journaliste se lève donc à l’aube pour prendre le train le vendredi 18 décembre et arrive au Musée de Châteaudun en milieu de matinée. Elle est accueillie autour d’un café dans une salle annexe qui sert à organiser des ateliers pédagogiques. Durant l’entretien, Anna s’attache à bien expliquer ce qui se cache derrière les qualifications décrétées par arrêtés départementaux ou ministériels - qui ciblent les espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) - et évoque les oppositions qu’ils peuvent susciter. Car finalement, la nuisibilité est une affaire très subjective et d’intérêts.

À la fin de l’entretien, Anna propose à Chloé de faire un tour dans le Musée, notamment les salles consacrées à l’Histoire naturelle. Elles abritent une collection impressionnante, notamment en matière d’ornithologie. Des espèces venant du monde entier y sont représentées, comme les plus petits colibris du monde, pesant à peine 2 grammes. Anna RODRIGUEZ invite d’ailleurs la classe du collège Albert Camus à venir visiter le lieu, dès que les conditions sanitaires le permettront.

Un reportage réalisé en décembre 2020

Sources photographiques

Portrait d’Anna RODRIGUEZ devant des reconstitutions du milieu naturel dans lequel vivaient ces animaux naturalisés © Globe Reporters
Portrait d’Anna RODRIGUEZ devant des reconstitutions du milieu naturel dans lequel vivaient ces animaux naturalisés © Globe Reporters
Peu avant le lever du jour, notre journaliste prend le train en Gare d’Austerlitz pour se rendre à Châteaudun © Globe Reporters
Peu avant le lever du jour, notre journaliste prend le train en Gare d’Austerlitz pour se rendre à Châteaudun © Globe Reporters
À travers les vitres, notre journaliste profite du lever du soleil © Globe Reporters
À travers les vitres, notre journaliste profite du lever du soleil © Globe Reporters
Comme prévu, Chloé arrive en gare de Châteaudun un peu avant 10h. Elle doit encore marcher dix minutes pour rejoindre le Musée où travaille Anna RODRIGUEZ © Globe Reporters
Comme prévu, Chloé arrive en gare de Châteaudun un peu avant 10h. Elle doit encore marcher dix minutes pour rejoindre le Musée où travaille Anna RODRIGUEZ © Globe Reporters
C’est dans cette salle momentanément inoccupée à cause de la crise sanitaire que Chloé réalise l’interview d’Anna © Globe Reporters
C’est dans cette salle momentanément inoccupée à cause de la crise sanitaire que Chloé réalise l’interview d’Anna © Globe Reporters
Durant l’interview, Ana présente ses dossiers de recherches qui lui servent à défendre les animaux considérés « nuisibles » par la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage © Globe Reporters
Durant l’interview, Ana présente ses dossiers de recherches qui lui servent à défendre les animaux considérés « nuisibles » par la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage © Globe Reporters
Après l’entretien, Anna RODRIGUEZ propose à Chloé de visiter le musée. Mais confinement oblige, l’entrée principale est fermée. Elles passent donc par l’entrée administrative © Globe Reporters
Après l’entretien, Anna RODRIGUEZ propose à Chloé de visiter le musée. Mais confinement oblige, l’entrée principale est fermée. Elles passent donc par l’entrée administrative © Globe Reporters
Le bâtiment est un ancien établissement scolaire reconverti en musée ! © Globe Reporters
Le bâtiment est un ancien établissement scolaire reconverti en musée ! © Globe Reporters
Pour visiter le musée, Anna fait donc passer la journaliste par les bureaux, où elle aperçoit l’espace de travail d’Anna RODRIGUEZ © Globe Reporters
Pour visiter le musée, Anna fait donc passer la journaliste par les bureaux, où elle aperçoit l’espace de travail d’Anna RODRIGUEZ © Globe Reporters
A son bureau, Anna montre à la journaliste cette photo d’un petit faon, prise par ses soins. Car en plus de ces multiplies activités, la naturaliste pratique la photographie © Globe Reporters
A son bureau, Anna montre à la journaliste cette photo d’un petit faon, prise par ses soins. Car en plus de ces multiplies activités, la naturaliste pratique la photographie © Globe Reporters
Dans les salles complètement désertes, Anna présente la collection d’animaux naturalisés du Musée. Naturalisés. Les animaux, une fois morts, sont préparés par des taxidermistes pour être conservés © Globe Reporters
Dans les salles complètement désertes, Anna présente la collection d’animaux naturalisés du Musée. Naturalisés. Les animaux, une fois morts, sont préparés par des taxidermistes pour être conservés © Globe Reporters
Les animaux exposés sont morts de causes naturelles, de maladies, ou ont été tués de manière illégale. Ils ont donc été « offerts » au Musée qui peut présenter les différentes espèces aux publics © Globe Reporters
Les animaux exposés sont morts de causes naturelles, de maladies, ou ont été tués de manière illégale. Ils ont donc été « offerts » au Musée qui peut présenter les différentes espèces aux publics © Globe Reporters
Ce grand oiseau est mort étouffé il y a plusieurs décennies, après avoir essayé de manger un rat © Globe Reporters
Ce grand oiseau est mort étouffé il y a plusieurs décennies, après avoir essayé de manger un rat © Globe Reporters
Ces reconstitutions permettent à Anna RODRIGUEZ de montrer les différentes variétés que l’on peut trouver dans la nature de manière pédagogique © Globe Reporters
Ces reconstitutions permettent à Anna RODRIGUEZ de montrer les différentes variétés que l’on peut trouver dans la nature de manière pédagogique © Globe Reporters
Portrait d’Anna RODRIGUEZ devant des reconstitutions du milieu naturel dans lequel vivaient ces animaux naturalisés © Globe Reporters
Peu avant le lever du jour, notre journaliste prend le train en Gare d’Austerlitz pour se rendre à Châteaudun © Globe Reporters
À travers les vitres, notre journaliste profite du lever du soleil © Globe Reporters
Comme prévu, Chloé arrive en gare de Châteaudun un peu avant 10h. Elle doit encore marcher dix minutes pour rejoindre le Musée où travaille Anna RODRIGUEZ © Globe Reporters
C’est dans cette salle momentanément inoccupée à cause de la crise sanitaire que Chloé réalise l’interview d’Anna © Globe Reporters
Durant l’interview, Ana présente ses dossiers de recherches qui lui servent à défendre les animaux considérés « nuisibles » par la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage © Globe Reporters
Après l’entretien, Anna RODRIGUEZ propose à Chloé de visiter le musée. Mais confinement oblige, l’entrée principale est fermée. Elles passent donc par l’entrée administrative © Globe Reporters
Le bâtiment est un ancien établissement scolaire reconverti en musée ! © Globe Reporters
Pour visiter le musée, Anna fait donc passer la journaliste par les bureaux, où elle aperçoit l’espace de travail d’Anna RODRIGUEZ © Globe Reporters
A son bureau, Anna montre à la journaliste cette photo d’un petit faon, prise par ses soins. Car en plus de ces multiplies activités, la naturaliste pratique la photographie © Globe Reporters
Dans les salles complètement désertes, Anna présente la collection d’animaux naturalisés du Musée. Naturalisés. Les animaux, une fois morts, sont préparés par des taxidermistes pour être conservés © Globe Reporters
Les animaux exposés sont morts de causes naturelles, de maladies, ou ont été tués de manière illégale. Ils ont donc été « offerts » au Musée qui peut présenter les différentes espèces aux publics © Globe Reporters
Ce grand oiseau est mort étouffé il y a plusieurs décennies, après avoir essayé de manger un rat © Globe Reporters
Ces reconstitutions permettent à Anna RODRIGUEZ de montrer les différentes variétés que l’on peut trouver dans la nature de manière pédagogique © Globe Reporters

Sources sonores

  • Pouvez-vous vous présentez, nous dire quelques mots sur votre travail au sein du Musée d’Histoire naturelle de Châteaudun, mais aussi au sein de l’association Eure-et-Loir Nature ?

  • Pouvez-vous préciser votre lien avec la préfecture du département ?

  • Que pensez-vous des 3 arrêtés que le ministre chargé de la chasse peut fixer ?

  • La belette, la fouine, la martre, le putois, le renard, le corbeau freux, la corneille, l’étourneau sansonnet, le geai des chênes et la pie bavarde sont-ils originaires d’un autre territoire ? Et sont-ils vraiment nuisibles ?

  • Pourquoi la pie bavarde est-elle classée nuisible sur le département d’Eure-et-Loir par arrêté ministériel ?

  • En tant que naturaliste, que pensez-vous de ces listes qui décrètent certains animaux « nuisibles » ?

  • Qu’est-ce qu’un animal « étranger » par rapport à un animal « nuisible » ? Un animal importé sur un territoire est-il forcément nuisible ?

  • Concrètement, qu’est-ce qu’une espèce « nuisible » selon les pouvoirs publics ? Et pour vous, ça pourrait être ? Est-ce que ça existe ?

  • Comment se fait-il que vous ne donniez pas la même définition que celle des pouvoirs publics ? Comment se fait-il que le monde de la chasse ait autant d’influence sur les pouvoirs politiques ?

  • Pouvez-vous nous expliquer simplement et en quelques mots les enjeux autour de ces définitions ? Qu’est-ce que l’on appelle « le lobbying de la chasse » ?

  • Les animaux sont-ils chassés uniquement pour manger ? Quelles seraient les autres raisons ?

  • Quel est l’impact des « régulations » des chasseurs sur l’environnement ?

  • Question bonus : avez-vous un message à faire passer au globe-reporters ?