Dacia- Renault : un pari gagnant franco-roumain

Publié le 25 février 2019

Silviu SEPCIU, responsable de la communication de la marque Dacia, répond aux questions d’Antonio, Andrei et Marius, globe-reporters du lycée Jean-Louis Calderon, à Timisoara.

Economie, histoire et politique

Décrocher un rendez-vous chez le groupe Renault Roumanie, qui est la première entreprise du pays, s’avère à la fois facile et compliqué : Elodie contacte une première chargée de communication du groupe, puis une deuxième, qui la renvoie vers la première. Mais malgré les promesses faites et les nombreuses relances de l’envoyée spéciale, elle ne donne plus jamais de nouvelles.

Sans grand espoir, Elodie écrit donc directement aux principaux responsables du groupe Renault en Roumanie. Surprise : tout se débloque en 2h ! Un rendez-vous est fixé dans la matinée. L’envoyée spéciale se rend quelques jours plus tard au siège du groupe Renault Roumanie, qui se trouve à Preciziei, le terminus de la ligne 3 du métro de Bucarest, à l’ouest de la ville.

Elle y rencontre Silviu Sepciu, responsable de la communication de la marque produits Dacia. Il travaille depuis très longtemps pour Dacia, avant même le rachat par Renault, et connaît très bien l’histoire de cette alliance franco-roumaine. M. Sepciu ne souhaite pas être pris en photo.

Elodie a aussi pu voir le nouveau siège du groupe Renault Roumanie, dont les travaux sont en train de s’achever, toujours à Preciziei. Ce bâtiment rassemblera tous les collaborateurs du groupe à Bucarest : l’ingénierie, la direction commerciale, etc. Soit 3.000 personnes. 

Pourquoi la corporation Renault a-t-elle choisi la Roumanie ? 

C’est en quelque sorte plutôt Dacia qui a fait le choix d’un partenaire important à la fin des années 90, au moment où il fallait choisir une voie pour l’avenir de la marque et de l’usine. A l’époque l’usine de Mioveni était dans une situation compliquée, avec peu de perspectives et peu d’espoir de survivre à long terme. C’est ce qui s’est passé avec beaucoup d’entreprises automobiles de l’Europe de l’est qui n’ont pas survécu à l’économie de marché.

Pour Dacia, c’était un choix logique en quelque sorte : les débuts de la marque sont liés à Renault. A la fin des années 60, la décision de construire une industrie automobile, il y a eu un appel d’offre pour choisir un constrcuteur occidental qui attribue une licence pour produire des véhicules en Roumanie. 

Le choix qui a été fait à l’époque a été la Régie nationale des usines Renault, avec un modèle resté emblématique en Roumanie : la R12 , elle a été produite entre 1969 et 2004, donc pendant 35 ans ! C’est un véhicule qui a marqué le paysage automobile roumain Les débuts de l’industrie automobile en Roumanie commencent avec Renault et c’est tout à fait logique qu’ à la fin du régime communiste au moment de chercher un nouveau partenaire pour l’usine Dacia, Renault se soit imposé. A la fin des années 80 les premiers accords ont été signés. A l’époque comme l’avoue l’ex PDG de Renault (Louis Schweitzer) , la marque française était à la recherche d’une usine pour lancer "le véhicule à 30 000 F" ( devenu par la suite le concept du véhicule à 5000 euros) 

L’idée était de permettre à tout le monde , dans les pays développés , mais aussi dans les pays émergents, d’avoir accès à la mobilité automobile. Ert pour produire ce véhicule moderne et accessible : il fallait une usine hors Europe occidentale, à l’époque l’usine Dacia était disponible. Les deux volontés se sont rencontrées, les négociations ont été difficiles mais ont abouti. 

 

Dans quel but les usines Dacia ont-elles été achetées en 1999 par le groupe Renault ?

Justement pour concrétiser ce projet du véhicule à 5000 euros qui a finalement abouti en 2004 avec le modèle Logan. 

Quel est le rôle du projet ’’Renault Technologie Roumanie’’ ?

C’est une jolie histoire, qui a contribué au développement des compétences industrielles en Roumanie. "Renault Technologie Roumanie’’ , rassemble en fait l’ingénierie , c’est un vivier de talents ouvert à tous les jeunes qui pensent à une carrière dans l’automobile. Il y a déjà 10 ans que cette entité existe en Roumanie, plus de 2000 ingénieurs y travaillent et pas seulement sur des projets liés à la marque Dacia, plusieurs sont liés à Renault. C’est le deuxième centre d’ingénierie du groupe Renault dans le monde. C’est très important et une reconnaissance des compétences qui existent sur le plan local. Le centre ingénérie suit "la vie produit" des modèles Dacia et aussi sous les dérivés de la gamme Renault. La vie produit ce sont les évolutions que subit un modèle lorsqu’on le lance sur le marché : vous avez remarqué sans doute que durant la période dans laquelle un produit évolue en terme les ’équipements, le design etc... évoluent aussi. En Roumanie il y a aussi une autre compétence très importante : il s’agit du design. Des personnes de différentes nationalités, pas seulement roumaines y travaillent. Qui sont en compétition avec d’autres centres design de Renault dans le monde et qui participent à la partie du métier la plus intéressante pour le grand public : le design de véhicule. 

Qui dirige ce projet ?

On est très ouvert à l’international, pour le moment ce sont des Roumains mais qui sait, à l’avenir ? 

Hormis les modèles déjà connus, comme Logan, Sandero et Duster, la corporation Renault planifie-t-elle le développement d’autres modèles ? 

La vie d’une entreprise s’accompagne forcément de l’évolution, bien sûr que d’autres modèles vont suivre, je ne peux pas vous dire lesquels mais il y a une actualité produit.

Vous voulez construire un modèle Dacia Sport ?

On en a eu une dans le passé dans les années 80-90, mais pour le moment ce n’est pas prévu. 

Jusqu’ à aujourd’hui, estimez-vous que la compagnie a eu du succès après son investissement en Roumanie ? Pensez-vous que l’investissement dans notre pays ait été bon pour l’entreprise ?

Oui, c’est clair mais c’était gagnant-gagnant pour les deux parties, pour le groupe Renault car la gamme "global access" , qui prône un accès à un véhicule pour le plus grand nombre, est un succès du groupe Renault. C’est aussi gagnant pour l’industrie automobile roumaine car des investissements ont été faits : en même temps pour la communauté locale et pour la Roumanie qui dispose désormais d’un des constructeurs automobiles des plus dynamiques d’Europe. 

Quel modèle de voiture construit en Roumanie a eu le plus grand succès ? 

C’est de loin Duster, le modèle le plus vendu actuellement produit à l’usine de Mioveni. Pour la première génération on a dépassé le million d’unités vendues. Si on parle de véhicule Dacia tout court c’est plus compliqué car on a aussi Sandero, qui est aussi produite au Maroc. La Logan est le véhicule le plus vendue en Roumanie. L’an passé plus de 25 000 ont été vendus. La première génération de Logan a été vendue à plus de 700 000 exemplaires. 

Car c’est un véhicule tricorps, une berline à trois volumes, ce qu’apprécient les Roumains. Sandero est plébiscitée par la clientèle occidentale : c’est un bi-corps. Duster surfe sur la tendance actuelle pour les SUV, 

Comment voyez-vous la Dacia Renault dans 10 ans ?

Dacia est le premier constructeur automobile en Roumanie. La première société industrielle en Roumanie. Elle est le premier contributeur du PIB, la plus grande contribution aux exportations du pays. Donc nous pensons que ce sera toujours le cas dans 10 ans, on compte bien rester numéro 1 en terme de production d’automobiles donc la marque préféré des Roumains et le premier constructeur en Roumanie : on est optimiste. 

Un dernier mot ?

Je m’adresse aux globe-reporters en tant qu’élèves roumains : il y a un avenir dans l’industrie automobile en Roumanie et Dacia peut vous offrir beaucoup de possibilité et d’épanouissement du point de vue professionnel. C’est un milieu où vous allez être au courant des évolution les plus intéressantes de ce qui se passe dans le monde industriel. C’est un métier d’avenir., et il y a un avenir chez Dacia ! 

 

Sources photographiques

Le siège de Renault Dacia, dans le West gate business center à Preciziei, terminus de la ligne 3 du métro de Bucarest.
Le siège de Renault Dacia, dans le West gate business center à Preciziei, terminus de la ligne 3 du métro de Bucarest.
Les marques du groupe
Les marques du groupe
A quelques centaines de mètres, juste à la sortie du métro, un nouveau siège est en construction. D’ici l’été, tous les collaborateurs du groupe à Bucarest, notamment les ingénieurs, seront rassemblés ici, soit 3000 personnes.
A quelques centaines de mètres, juste à la sortie du métro, un nouveau siège est en construction. D’ici l’été, tous les collaborateurs du groupe à Bucarest, notamment les ingénieurs, seront rassemblés ici, soit 3000 personnes.
L’usine Dacia de Mioveni, près de Pitesti (Photo groupe Renault Roumanie)
L’usine Dacia de Mioveni, près de Pitesti (Photo groupe Renault Roumanie)
La chaîne de montage de voitures (Photo groupe Renault Roumanie)
La chaîne de montage de voitures (Photo groupe Renault Roumanie)
La mythique Dacia 1300, identique à la Renault 12. Dacia et Renault ont noué un partenariat à partir des années 1960. La production de la Dacia 1300 et ses dérivés s’est arrêtée en 2004. Encore nombreuses en circulation, au milieu des années 2000, elles se font maintenant rares.
La mythique Dacia 1300, identique à la Renault 12. Dacia et Renault ont noué un partenariat à partir des années 1960. La production de la Dacia 1300 et ses dérivés s’est arrêtée en 2004. Encore nombreuses en circulation, au milieu des années 2000, elles se font maintenant rares.
L’interview a eu lieu au 5e étage, siège de la direction.
L’interview a eu lieu au 5e étage, siège de la direction.
Le siège de Renault Dacia, dans le West gate business center à Preciziei, terminus de la ligne 3 du métro de Bucarest.
Les marques du groupe
A quelques centaines de mètres, juste à la sortie du métro, un nouveau siège est en construction. D’ici l’été, tous les collaborateurs du groupe à Bucarest, notamment les ingénieurs, seront rassemblés ici, soit 3000 personnes.
L’usine Dacia de Mioveni, près de Pitesti (Photo groupe Renault Roumanie)
La chaîne de montage de voitures (Photo groupe Renault Roumanie)
La mythique Dacia 1300, identique à la Renault 12. Dacia et Renault ont noué un partenariat à partir des années 1960. La production de la Dacia 1300 et ses dérivés s’est arrêtée en 2004. Encore nombreuses en circulation, au milieu des années 2000, elles se font maintenant rares.
L’interview a eu lieu au 5e étage, siège de la direction.

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