Dans le fleuve Maroni, la pêche est devenue empoisonnée
Publié le 14 février 2020
Ayma OPOYA part à la pêche tous les jours comme beaucoup d’hommes wayanas. Il répond aux questions de Nathanaël, Kahaia, Audrey et Étienne du collège d’Hao et à celles des globe-reporters du collège Dorgelès et de l’école de la Porte d’Ivry Alice, Mathis, Lou Anne, Jonathan, deux établissements de Paris.
DEVELOPPEMENT DURABLE ET ENVIRONNEMENT
Dans le village amérindien de Taluen, les hommes sont tous à la fois chasseurs et pêcheurs. Dans une région où les magasins sont rares, il faut apprendre dès le plus jeune âge à se nourrir et à nourrir sa famille.
Les communautés amérindiennes se nourrissent encore du gibier de la forêt et du poisson du fleuve Maroni. Dans le village de Taluen, où se rend notre envoyée spéciale Anne PASTOR, il y a 400 habitants, mais pas de boutique. Pour se ravitailler, il faut traverser le fleuve qui fait office de frontière, aller sur l’autre rive, au Suriname, dans le magasin du chinois où ce qu’on y trouve est bien plus cher qu’en France hexagonale. Alors tous les jours les hommes partent à la pêche tôt le matin ou le soir pour rapporter du poisson à cuisiner.
Pour Anne, se pose de la question de choisir un pêcheur qui puisse répondre à notre questionnaire. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ?
Après une petite enquête dans le village, Anne choisit Ayma OPAYA. Ayma a une expérience du monde associatif et il est capitaine du village. Il a l’habitude de se poser des questions et de chercher des solutions. Il a par exemple un projet très intéressant de pisciculture. Un élevage de poisson en eau claire afin d’éviter la contamination au mercure de certains poissons du fleuve qui provient de l’orpaillage clandestin et de la déforestation. Il y a urgence, car beaucoup d’habitants vivant sur les rives du Maroni sont intoxiqués par le mercure.
Ayma souhaite trouver une alternative à la pollution au mercure et accepte de répondre à nos questions. Il propose à Anne de la retrouver après une réunion avec des responsables des droits des peuples autochtones de l’ONG Secours catholique. Il veut leur présenter son projet de pisciculture.
Mais la réunion s’éternise. Anne attend devant l’embarcadère comme convenu. Il devait être là à 16h00, mais Ayma n’arrive qu’à 19h00. C’est l’horloge autochtone ! La notion de temps au cœur de la forêt est différente de celle des villes.
Quand Ayma arrive et voit notre envoyée spéciale qui l’attend, micro en main, il dit tout de suite :
- Je dînerai plus tard, je vais d’abord répondre au questionnaire. J’ai un enfant de 10 ans et c’est important de transmettre ma passion de la pêche aux plus jeunes.
Et quand Ayma apprend que certains globe-reporters sont du collège de Hao en Polynésie, il est impressionné et dit en souriant :
- J’espère que je vais être à la hauteur ! Les Polynésiens sont un peuple de pêcheurs très expérimentés. Nous, nous ne pêchons que dans le fleuve Maroni ou dans les rivières.
Les Wayamas sont pourtant ceux qui pêchent l’aymara, le jaguar du fleuve, le roi incontestable des rivières guyanaises.
Anne et Ayma OPOYA échangent au bord du fleuve et conviennent d’aller pêcher ensemble. Ayma propose de montrer ses endroits préférés et ses techniques de pêche au harpon, à la dérive et à la canne. Même si en raison de la saison des pluies, les accès à de nombreux spots de pêche sont réduits.
Anne et Ayma se retrouvent donc le lendemain matin à 7h00. Mais comme pêcher n’est pas une science exacte et que la pluie s’est invitée à la partie de pêche, ils reviennent à Taluen presque bredouille ; à peine quelques poissons-chats pour le déjeuner.
Un reportage réalisé en janvier 2020
Sources photographiques
Le matériel de pêche d’Ayma.
Départ pour la partie de pêche. Ayma se rend compte qu’il a oublié sa canne traditionnelle.
Préparation du filet pour pêcher en dérivant.
Lorsqu’il était enfant, le père d’Ayma n’utilisait pas de filet.
À bord de la pirogue d’Ayma.
Ayma arrive sur un de ses coins préférés. Il stoppe le moteur.
Ayma lance le filet pour attraper du poisson-chat.
Ayma laisse dériver la pirogue.
Remontée du filet.
Ayma range le filet pour montrer une autre technique de pêche.
Technique de pêche traditionnelle.
Ayma lance sa canne pour attraper un yaya.
Retour sur Taluen, car la pluie menace avec quelques poissons-chats.
La pêche du jour au déjeuner.
Sources sonores
Peux-tu te présenter en quelques mots.
Pourquoi et comment es-tu devenu pêcheur ?
Qu’aimes-tu dans ce métier ?
Quels instruments de pêche utilises-tu ?
Quelles espèces de poissons pêchez-vous ?
À quelle fréquence chassez-vous ou pêchez-vous dans la semaine ? Tous les jours ? Plusieurs fois dans la semaine ?
Présente-nous une journée de pêche type : les horaires, les déplacements, seul ou en groupe…
Que fais-tu de ton poisson ? Tu le vends ? Le manges ? La pêche te permet-elle de bien gagner ta vie ?
Appartiens-tu à une association ? Si oui, laquelle et pourquoi ?
Est-ce que les pêcheurs attrapent autant de poissons qu’avant ? Est-ce les mêmes espèces de poissons ?
L’orpaillage provoque-t-il des conséquences sur ton activité de pêcheur ? Si oui, lesquelles ? Trouve-t-on beaucoup de mercure dans le poisson ?
Y a-t-il de la pollution dans le fleuve, du plastique ?
Si tes enfants veulent devenir pêcheurs, les encourageras-tu ? Pourquoi ?
Question bonus : Si tout le monde est pêcheur, il n’y a donc pas de pêcheurs professionnels ?
Question bonus : Est-ce que les problèmes liés aux pollutions vous mettent en colère ?
Question bonus : Avez-vous peur qu’un jour vous ne puissiez plus pêcher dans le fleuve Maroni ?