Diner en musique avec un groupe tzigane exceptionnel
Publié le 8 février 2015
Six soirs par semaine, le groupe tzigane de Leonard Iordache enflamme le restaurant Crama Domneasca. Ces musiciens traditionnels parcourent le pays et le monde pour donner des concerts et jouer dans des mariages. Le manager du restaurant et le leader du groupe répondent aux questions des élèves de Camille Claudel à Paris.
Culture et francophonie
Emil Manea est le manager du restaurant Crama Domneasca, situé dans le centre historique de Bucarest. Il est présent chaque soir en salle pour s’assurer que le diner se déroule bien. A 20h30, le groupe commence à jouer.
Combien de groupes jouent dans votre restaurant ?
Nous avons un seul groupe qui joue tous les soirs à partir de 20h30, sauf le lundi. Il s’agit du taraf Leonard Iordache, l’un des meilleurs de Roumanie.
Quelles sont les régions représentées ?
Ce sont tous des tziganes de Bucarest, des Lautari. Ils font une première partie de concert avec des reprises de musiques internationales, puis une seconde avec des musiques typiquement roumaines.
Quelle est la particularité musicale du groupe ?
Ils font une musique joyeuse. Pour les clients, cette musique est associée à la fête. C’est bien pour notre restaurant qui est dans une zone touristique.
Emil Manea
Leornard Iordache est le leader du groupe. C’est l’un des meilleurs cymbaliste de Roumanie, comme l’a été avant lui son père.
Quel est le nom de votre groupe ?
Taraf Leonard Iordache. Un taraf est un groupe de musique tzigane. Il porte mon nom car j’en suis le chef d’orchestre. Nous jouons depuis trois ans et demi à Crama Domneasca.
Combien êtes-vous ?
Nous sommes neuf mais nous ne jouons pas tous en même temps. On change en fonction des morceaux.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Nous venons tous de Bucarest. Chaque musicien de mon groupe est l’un des meilleurs du pays dans son instrument. Avant, nous avons joué six ans dans un autre restaurant de Bucarest. Ici nous sommes bien payés, même si cela ne suffit pas pour vivre. Heureusement, les clients sont plutôt généreux sur les pourboires. Cela nous permet aussi de rencontrer des gens qui auraient besoin d’un groupe pour un mariage.
Quels sont les instruments dont vous jouez ?
Je joue du cymbalum, le piano tzigane. C’est mon père, Toni Iordache, le plus grand cymbaliste roumain, qui m’a appris à l’âge de 5 ans. A 14 ans, j’ai gagné le festival mondial de folklore à Dijon. J’ai gardé le style de mon père qui était connu pour jouer extrêmement vite. J’ai appris à mon tour à mon fils et à mon cousin, qui joue avec moi ce soir. Dans le taraf il y a aussi un violon, un accordéon, un taragot (sorte de clarinette et une contrebasse.
Pourquoi aimez-vous ce type de musique (la musique traditionnelle) ?
C’est notre musique tzigane, nous en sommes fiers. Malheureusement, beaucoup de musiciens se tournent vers le manele, un style qui est plus commercial et rapporte plus d’argent. Mais depuis quelques années, je crois que les Roumains redécouvrent la vraie musique tzigane des Lautari et l’apprécie à sa juste valeur.
Avez-vous déjà fait une tournée ?
Je suis allé régulièrement au Quebec pendant 20 ans pour donner des concerts, mais également en France. Nous partons aussi très souvent à travers la Roumanie pour jouer dans des mariages ou les événements. Réserver un orchestre est une tradition chez nous.
Leornard Iordache
Pour compléter, vous pouvez écouter l’interview de Pierre Guiol qui explique les origines de la musique tzigane et les différents courants.
l’interview de Samuel Le Torriellec, chef cuisinier du restaurant Crama Domneasca, qui présente la cuisine roumaine