Le réchauffement climatique a-t-il un impact sur les comportements sociaux ? Ou plutôt, quel impact a-t-il sur les individus ? Conscientes que le besoin d’adaptation appelle des changements de comportements, les globes-reportrices du lycée Saint-Exupéry de Créteil, Taina, Alice, Isabella et Shayneze, s’intéressent à deux phénomènes en particulier - l’éco-anxiété et le climato-scepticisme. Annamaria LAMMEL, psycho-anthropologue, répond à leurs questions.
L’Anthropocène : état des lieux
Pour comprendre ces réactions parfois considérées comme « extrêmes », les apprenties journalistes du lycée Saint-Exupéry de Créteil souhaitent s’entretenir avec un ou une chercheuse qui pourrait décrypter les comportements de celles et ceux qui nourrissent des inquiétudes en raison du changement climatique, ou de celles et ceux qui le nient, choisissent de l’ignorer.
Dès ses premières recherches, notre envoyée spéciale, la journaliste Chloé DUBOIS, s’arrête sur un article scientifique qui devrait les intéresser : « Les extrêmes climatiques : perception et enjeux sociaux et politiques ». L’autrice est Solange MARTIN, docteure en sociologie ; elle travaille pour le Haut Conseil pour le Climat (HCC), une institution française indépendante.
Dans cet article - où les comportements des groupes d’individus que l’on pourrait qualifier d’éco-anxieux ou de climato-sceptiques sont particulièrement analysés - elle interroge notamment ce que l’on sait « de la perception des risques et de leurs effets sur les individus et les sociétés » et ce que l’on peut « en conclure au regard des enjeux actuels ? ».
Notre journaliste décide de la contacter pour lui soumettre une demande d’entretien. Malheureusement, cette dernière est plutôt débordée en ce début d’année et préfère décliner la proposition d’interview.
Elle contacte donc Annamaria LAMMEL, psycho-anthropologue, dont le travail porte également sur cette thématique.
Cette dernière est maître de conférences en psychologie au Laboratoire Paragraphe de l’université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, directrice de l’e-laboratoire « Climate system and human system interaction » et est aussi l’une des autrices principales du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Parmi ces sujets d’études, la perception des risques liés au changement climatique. Après avoir décrit brièvement l’angle du sujet des globes-reportrices, l’enseignante et chercheuse universitaire accepte avec plaisir de répondre à toutes leurs questions ; un rendez-vous est rapidement organisé.
Le jour dit, notre journaliste rejoint Annamaria LAMMEL à son domicile plutôt qu’à Paris 8, à sa demande. Il y a beaucoup de passage au laboratoire dans lequel elle travaille à l’université et la psycho-anthropologue pense être plus au calme dans son salon.
Après un café, l’interview commence. Annamaria LAMMEL répond à toutes nos questions - qu’elle trouve très intéressantes - et les félicite pour leur curiosité !
Un reportage réalisé le 23 janvier 2023, Chloé Dubois
Pouvez-vous vous présenter et nous dire en quoi consiste vos fonctions à Paris 8 ?
Vous êtes également l’une autrice du rapport du GIEC. En quoi consiste votre travail pour le groupe ?
Selon-vous, le changement climatique changent-ils les comportements sociaux ?
Les jeunes générations ont-elles davantage intégré la réalité du changement climatique ? Sont-elles plus inquiètes que leurs aînés ?
Qu’est-ce que l’éco-anxiété, selon vous ? Est-ce une notion, ou un terme que vous utilisez ?
Pensez-vous que le fait d’être anxieux pour l’environnement amène à l’engagement en faveur du climat ? Ou au contraire, cette anxiété a-t-elle un effet paralysant pour les populations ?
Quelle est la responsabilité des médias dans ces phénomènes, selon vous ?
A l’inverse, il existe des personnes qui doutent, nient, ou relativisent la réalité du changement climatique ou sa gravité. Qui sont ces personnes, ou ces groupes d’influences ?
Comment expliquez-vous ces comportements, alors même que les preuves scientifiques s’accumulent ?
Le climato-scepticisme est souvent associé au complotisme. Pourquoi ? Est-ce pertinent, ou est-ce deux choses complètement différentes ?
Est-ce que la société tend plus vers le scepticisme vis-à-vis du climat, ou au contraire tend-t-elle plutôt à s’engager ? Ne serait-ce ni l’un, ni l’autre, et donc l’inertie qui dominerait ?
Question bonus : En quoi est-il important de s’intéresser aux comportements humains en lien avec le réchauffement climatique ? Qu’est-ce que cela nous permet de comprendre ou d’analyser ?
Avez-vous un message à adresser aux jeunes globes-reporter·ices ?
