Kassandra, élève au collège Notre-Dame de la Salle à Marmande, en France, veut en savoir plus sur la mémoire de l’Holocauste en Roumanie. Pour répondre à ses questions, notre envoyée spéciale Marine LEDUC tend le micro à Alexandru FLORIAN, directeur général de l’Institut national pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie, ou Institut Elie Wiesel, situé à Bucarest.
Economie, histoire et politique
La mémoire de l’Holocauste est un sujet sensible en Roumanie : encore récemment, le parti d’extrême-droite AUR (Alliance pour l’Unité des Roumains), s’est opposé à l’enseignement obligatoire de l’Holocauste dans les écoles. Il y a environ un an, l’actrice Maia MORGENSTERN, qui est aussi directrice du Théâtre juif de Bucarest, a reçu des menaces de mort. Toutefois, les choses évoluent, et la création de l’Institut Élie Wiesel, Institut national pour l’Étude de l’Holocauste en Roumanie, en 2005, démontre que le pays n’est plus réticent à se confronter à son passé et à son implication dans le génocide de juifs et de Roms pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Elie WIESEL, écrivain et philsophe, est né à Sighetu Marmației, en Roumanie, en 1928. En 1944, il est déporté à Auschwitz puis Buchenwald. Survivant des camps de concentration, il s’installe en France où il suit des études. Il émigre ensuite à New York et participe à la fondation du Mémorial américain de l’Holocauste. Il est décédé en 2016.
Pour trouver une personne qui puisse répondre aux questions de la globe-reportrice de Marmande, Marine écrit un mail en roumain à l’adresse de contact donnée sur le site de l’Institut. Elle demande aussi si une personne pourrait répondre en français. La chance lui sourit, car la personne en charge des communications lui répond que le directeur général Alexandru FLORIAN est francophone. Un rendez-vous est fixé dans son bureau.
Pour se rendre à l’Institut, Marine doit marcher une vingtaine de minutes en suivant le Boulevard Dacia. C’est un boulevard huppé de la capitale où on peut découvrir des demeures majestueuses tel que l’Institut Français de Bucarest. Arrivée à l’Institut Elie Wiesel, elle doit montrer sa carte d’identité avant que quelqu’un vienne la chercher pour la guider au bureau du directeur. La pièce est idéale pour un enregistrement dans le silence.
Après l’interview, notre envoyée spéciale part plus au sud de la ville, près de Piata Unirii (Place de l’Union), où se trouve l’ancien quartier juif. Avec le quartier arménien, c’était un des quartier les plus importants de la capitale, où habitait des milliers de juifs. Avec les bombardements de la Seconde guerre mondiale, la fuite des juifs du pays, puis le gros tremblement de terre de 1977, une bonne partie du quartier a été détruit et abandonné. Il reste toutefois des vestiges au milieu des immeubles communistes, comme la Grande synagogue, qui abrite le Musée de l’Holocauste. Il y a également un mémorial de l’Holocauste dans le centre-ville de la capitale.
Pouvez-vous vous présenter pour les globe-reporters EMICE + ?
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Question bonus :Avez-vous un message pour les globe-reporters ?