Gen Ştiri, le média roumain qui influence civiquement
Publié le 8 avril 2023
Kelly-Anne, Lylie, Maélys, Crystal et Éva du Collège Henri Dunant, à Aumale en Normandie, interrogent Roxana STAN, une jeune journaliste roumaine qui parle de son travail à la rédaction de Gen Ştiri qui publie ses informations sur Instagram et TikTok.
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En Normandie, Kelly-Anne, Lylie, Maélys, Crystal et Éva sont des collégiennes connectées, adeptes des réseaux sociaux et des figures qui émergent autour d’eux, des nouvelles tendances aussi. Comme beaucoup d’autres, elles sont plus ou moins conscientes que le regard sur le monde qui est le leur est fortement façonné par certaines figures, les influenceurs et influenceuses en vogue. La Roumanie a beau être un pays lointain, c’est aussi un pays fortement connecté. L’internet roumain est même l’un des plus performants au monde.
Aux prémices de cette interview sur le monde des influenceurs roumains, il y a la volonté de rencontrer une ou un jeune ayant fait de l’influence un mode de vie et une carrière. Sauf que rencontrer un influenceur à succès ce n’est pas de la tarte, en Roumanie comme ailleurs.
Notre correspondant, le journaliste Benjamin RIBOUT, envoie de nombreuses bouteilles à la mer à pléthores d’influenceurs roumains connus. Il demande même leur avis aux élèves du lycée Unirea de Braşov qui sont aussi impliqués dans le projet EMICE+. Si de nombreux noms émergent, aucun d’entre eux ne daigne répondre aux sollicitations de notre correspondant. Comme si parler de sa passion, de son gagne-pain dans certains cas, ne se faisait que via sa chaîne, au moment et de la manière qu’on désire. « Ces gens-là n’ont pas le temps pour ça », entend aussi Benjamin Une information plutôt inquiétante. Quand on refuse de répondre à un journaliste, c’est qu’on a généralement des choses à cacher.
Et puis, un autre problème se pose : trouver un influenceur qui ne parle pas uniquement d’argent, de notoriété et d’objets, bref, quelqu’un qui n’est pas uniquement une vitrine à marques pour engranger des sous.
En Roumanie les projets civiques poussent un peu partout ! Rajoutez à cela l’appétence des Roumains pour les nouvelles technologies. Benjamin s’oriente alors vers un type d’influenceur à profil civique : quelqu’un qui profite de sa notoriété pour défendre une cause, un jeune qui influence la jeunesse roumaine de manière positive en somme.
Dans une Roumanie où la jeunesse est ultra-connectée, en quoi les influenceurs contribuent à mieux informer les nouvelles générations ? En quoi la voix de ces personnes permet aux jeunes roumains d’accéder à certains sujets et de s’intéresser au monde, à ce qui se passe à côté de chez eux et plus loin, dans d’autres pays ?
Le monde du journalisme a beaucoup bougé en Roumanie ces dix dernières années, de nombreux médias indépendants sont apparus et ont mis à mal un modèle traditionnellement en manque de diversité et d’objectivité. Une véritable bouffée d’air frais.
Le projet Gen Ştiri coche toutes ces cases. L’idée de départ est de réaliser des contenus vidéos sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les jeunes à des sujets d’actualité qu’ils rateraient autrement. Peu de médias savent s’adresser aux plus jeunes. Rajoutez à ça les fake news et vous obtenez beaucoup de confusion, de raccourcis et d’approximations sur des sujets importants pour les jeunes générations. Gen Ştiri veut remédier à tout ça et propose des contenus réalisés par des jeunes, pour les jeunes. Une formule que Roxana STAN résume très simplement : « On est un média pour les 13-24 ans, fait par des jeunes qui ont le même âge ».
Roxana a 24 ans. Elle est originaire d’une commune des Carpates, Pietroşiţa. Elle est venue étudier la communication et le journalisme à Bucarest. Chez Gen Ştiri, elle fait un peu de tout. Elle réalise des vidéos, monte des dossiers (la veille de l’entretien, elle a fini tard une demande de financement), s’occupe aussi de la communication du projet. On sent qu’elle adore ce qu’elle fait. La mission de Gen Ştiri est « ultra utile » dit-elle. Touche à tout, elle avoue ne pas savoir encore si elle va s’orienter plus tard vers le métier de journaliste, de communicant ou plutôt une carrière académique.
En un an et demi d’existence, Gen Ştiri a déjà 48.000 abonnés sur Instagram et 26.000 sur TikTok. Le canal importe peu : Roxana explique qu’il faut aller chercher les jeunes là où ils sont, quitte à faire tous les réseaux sociaux. Un jour Gen Ştiri aura sa « propre application ». Elle en est convaincue. Dans un pays de geeks informatiques comme la Roumanie, on peut effectivement la croire.
Roxana nous donne rendez-vous un 1er avril couvert dans le quartier arménien de Bucarest, à deux pas du centre-ville, dans le café Lente. L’équipe de Gen Ştiri s’y retrouve régulièrement pour travailler, car comme beaucoup de jeunes projets, la rédaction n’a pas de bureaux permanents.
L’interviewe est réalisée en français, Roxana ayant à cœur de pratiquer la langue qu’elle a peaufinée à Bordeaux, puis à Bruxelles durant ses études ces dernières années.