« Il n’y a pas de solutions toutes faites à l’épidémie de suicide des jeunes autochtones », docteur Rémy PIGNOUX
Publié le 17 février 2020
Le docteur Rémy PIGNOUX travaille en Guyane depuis plus de 20 ans. Il alerte l’État français depuis des années à propos du nombre élevé de suicides chez les jeunes autochtones. Il répond aux questions des globe-reporters Kevin, Davenash, Zainab, Célina et Mahamadou du collège Aretha FRANKLIN de Drancy en région parisienne et à celles de Leslies et Alicia du lycée Saint-Exupéry de Saint-Dizier.
EDUCATION ET JEUNESSE
Depuis le début du XXI siècle, le taux de suicide chez les autochtones du Haut-Maroni est vingt fois supérieur à la moyenne nationale. D’ailleurs, alors que notre envoyée spéciale en Guyane, Anne PASTOR, prépare sa valise, elle apprend qu’un nouveau suicide vient de se produire dans le village de Kayaudé.
Lorsqu’elle arrive à Taluen, les habitants sont en deuil. Tout le monde se connaît dans ces contrées. Il est donc inenvisageable d’interroger un jeune sur ces questions comme proposé initialement par les globe-reporters. Elle décidé de se tourner vers le docteur Rémy PIGNOUX.
Le docteur PIGNOUX est médecin infectiologue-tropicaliste. Il exerce en Guyane depuis 1992, en milieu hospitalier puis en dispensaire délocalisé de soins et de préventions sur le Haut-Maroni depuis 1996. Il dirige le centre de santé intégré de Maripasoula et tous les mois depuis 1999, il conduit en pays Wayana-Téko une mission médicale de 4 jours avec une équipe complète.
Durant toutes ces années, il constate une nette augmentation des suicides. En 2004, il lance auprès des autorités sanitaires la 1ère alerte sur l’épidémie de suicides qui endeuillent la région. Des alertes renouvelées à plusieurs reprises. Le docteur est donc tout indiqué pour répondre à nos questions. Anne PASTOR le rencontre la veille d’une nouvelle mission dans les villages amérindiens.
Un entretien réalisé en janvier 2020
Sources photographiques
Le poste de santé du village de Taluen.
Salle d’attente du centre de santé de Maripasoula.
Salle d’attente du centre de santé de Maripasoula.
Salle des médicaments du centre de santé.
Le docteur Rémy PIGNOUX dans son bureau.
Sources sonores
Pouvez-vous vous présenter ?
Quels sont les peuples présents sur le territoire et quelle langue parlent-ils ?
Quelle est la base de nourriture de la population amérindienne ? Vivent-ils de la pêche locale ? Pratiquent-ils la chasse ? Si oui, quels outils utilisent-ils ?
Est-ce qu’ils produisent leurs aliments ? Pratiquent-ils une agriculture locale ?
Produisent-ils autre chose ? Construisent-ils par exemple leur habitat ou tissent-ils leurs vêtements ?
Quels sont les moyens de transport ? Ont-ils la possibilité de se rendre dans une grande ville ?
Est-ce qu’ils ont un médecin dans leur village ? Ont-ils accès aux soins ?
Quelles sont les conditions de vie des jeunes amérindiens ? Est-il difficile de vivre dans de telles conditions ?
Observons-nous de nombreux suicides dans les communautés ? Quelles sont les statistiques ?
Quand ont commencé ces suicides ? Un élément déclencheur est-il à l’origine de ce phénomène ?
À votre avis, pourquoi les jeunes se suicident-ils ?
Que pourrait-on faire pour aider ces jeunes et diminuer le taux de suicide ?
Comment lutter contre ces suicides ? L’état mène-t-il des actions pour remédier à ce problème ? Si oui, sous quelle forme ? Qu’en pensez-vous ? Quelles sont les solutions mises en place dans la communauté ?
Question bonus : Nous sommes en 2020 alors que votre première alerte remonte à 2004. Il y a toujours autant de suicides. Il n’y a pas eu de réponses à vos alertes ?
Question bonus : Certaines aides ont été données à des jeunes autochtones pour qu’ils réalisent des films sur le suicide. Qu’en pensez-vous ?
Question bonus : Vous soignez ces gens depuis plus de 20 ans. Comment vivez-vous ces disparitions de jeunes ?