Karima DELLI est députée européenne depuis juin 2009 et défend un programme écologiste. Elle répond aux questions des globe-reporters Eliante, Lola et Grace du Lycée Pierre BOURDAN de la ville de Guéret.
Economie, histoire et politique
Mme Karima DELLI n’est pas la première responsable politique que les globe-reporters questionnent. Mais à chaque fois, la manière de faire est différente. Quand notre envoyé spécial à Bruxelles, le journaliste Alain DEVALPO, reçoit la commande de la rédaction du lycée Pierre BOURDAN, il vient d’écouter sur le site Mediapart, une intervention de l’eurodéputée Karima DELLI. Il contacte alors une connaissance à la rédaction de Mediapart pour avoir le contact de Mme DELLI.
Parallèlement, notre envoyé spécial surfe sur le site Internet du Parlement européen où toutes les coordonnées des élus sont disponibles. Un courriel intitulé « Globe Reporters – demande d’Interview » part donc à destination de Mme DELLI expliquant notre projet et notre requête.
C’est une assistante de Mme DELLI, Maggy, qui répond très rapidement : « Bonjour, Mme DELLI serait ravie de vous répondre. Pouvez-vous m’appeler demain vers 14h30 pour que l’on cale un créneau ? »
Le lendemain, au téléphone, il s’avère qu’organiser un rendez-vous est très compliqué en raison de l’agenda chargé de Karima DELLI. Une députée européenne est toujours bien occupée, et plus encore lorsque des élections approchent et qu’elle est en campagne. Nous proposons alors d’envoyer notre questionnaire par écrit et un message part le 27 mars. Plusieurs jours se passent sans nouvelle. 1 semaine plus tard, un message de relance est envoyé à Maggy pour avoir des nouvelles. Pas de réponse. Notre envoyé spécial tente de contacter par téléphone l’assistante de Mme DELLI et laisse des messages sur le répondeur. Les semaines passent.
Nous sommes le 25 avril et nous n’attendons plus de réponse de Mme DELLI. Mais nous nous trompons. Un message signé de l’eurodéputée nous parvient avec les réponses à toutes nos questions et 2 photos que nous pouvons publier sur le site. Comme quoi être globe-reporters, c’est faire preuve de persévérance et de patience, comme les journalistes. Aussi, nous remercions vivement Karima DELLI d’avoir répondu à nos questions à 4 semaines des élections européennes de mai 2019.
L’eurodéputée Karima DELLI - crédits Karima DELLI
Pourquoi avez-vous choisi de devenir député européen ?
Tout d’abord, j’ai choisi d’entrer en politique pour défendre l’écologie et parce que je ne me sentais pas représentée par la classe politique. J’ai été élue pour la première fois au Parlement européen à l’âge de 29 ans et, à l’époque, des jeunes femmes, issues de classes populaires, il y en avait pour ainsi dire pas. Et si j’ai choisi l’Europe pour faire de la politique, c’est parce que c’est le seul niveau qui peut avoir un vrai impact sur le climat, la qualité de notre air, de notre eau et pour notre biodiversité.
Quel a été votre parcours pour en arriver là ?
Je suis la 9ème de 13 enfants. Mon père était ouvrier dans le textile et mes deux parents ne savent ni lire ni écrire. Ce n’était donc pas gagné au départ ! Aujourd’hui, je suis très fière de mes parents et de tous mes frères et sœurs qui font des brillantes carrières. Pour ma part, j’ai beaucoup milité dans des mouvements associatifs, un peu à l’image du mouvement de jeunesse pour le climat. C’est grâce à mon action militante que j’ai été choisie pour être candidate députée la toute première fois.
Pour vous, que représente l’Union européenne ?
L’Europe c’est la Paix, c’est un héritage que nous devons préserver après les deux guerres mondiales, les plus meurtrières de l’histoire humaine, que nous avons subies sur notre sol. L’Europe est aussi pour moi un futur désirable, où l’on peut étudier, se former, habiter, vivre, rencontrer son âme sœur, dans n’importe quel autre des 28 pays de l’Union européenne, et sans contrainte. Je vous souhaite à toutes et tous de partir en Erasmus une fois dans votre vie et de nouer des amitiés, à vie, avec d’autres camarades européens.
Quels projets avez-vous défendus au cours de votre mandat ?
Ils sont nombreux ! Mon premier projet, c’est la lutte contre les voitures diesel et contre la triche organisée par les constructeurs automobiles. C’est ce qu’on appelle le « dieselgate ». Les voitures qui sont vendues aujourd’hui dépassent les normes de pollution, au détriment de nos poumons. Mon action a contribué à dévoiler l’ampleur de la triche. Un deuxième sujet qui me tient à cœur est le Prix européen des startups. J’ai créé le premier prix européen qui récompense les meilleures startups des mobilités, les plus innovantes et les plus propres. Si, un jour, vous créez votre startup, venez concourir !
Photo envoyée par Mme DELLI - Crédits Karima DELLI
L’une de vos idées a-t-elle débouché sur un projet concret ?
Bien sûr ! Un exemple très concret pour votre vie quotidienne : j’ai fait adopter, l’obligation pour tous les trains, de comporter un minimum de 8 places vélos à partir de 2020. J’adore l’idée qu’on peut se débarrasser de sa voiture en ne prenant que son vélo et le train.
Comment se déroule la journée type d’un eurodéputé ?
Mon rôle principal est de faire de nouvelles lois et d’améliorer des lois existantes devenues un peu trop vieilles. J’ai trois collaborateurs, qui sont des spécialistes, qui m’aident à faire des amendements à la loi : un amendement c’est en gros une proposition de modification de la loi. C’est un peu comme quand vous modifiez un texte en « track change ». Je track change des lois et j’essaye, ensuite, et ce n’est pas toujours facile, de convaincre mes collègues eurodéputé-es de soutenir mes track changes, malgré nos différences politiques. Donc c’est beaucoup de négociation pour aboutir à un texte de loi qui plaira à la majorité d’entre nous.
Selon vous, l’écologie a-t-elle une place suffisamment importante dans les débats de l’UE (Bisphénol, glyphosate, etc.)
Non, pas assez, évidemment. Les jeunes l’ont bien compris, ils vont hériter de nous d’une terre polluée, au climat déréglé, si nous ne faisons rien. Greta THUNBERG le dit bien : il faut entrer en état d’urgence contre le réchauffement climatique. Il faut que tout ce que nous décidons, que tout l’argent que l’Europe investit, se fasse pour sauver notre planète. L’Europe est la bonne échelle pour changer les choses et convaincre les grandes puissances mondiales comme les États-Unis et la Chine de faire pareil.
Alors que votre mandat touche à sa fin, quel est votre ressenti à propos du
Parlement européen et de l’UE en général ? Et quels sont vos projets ?
Je suis candidate sur la liste Europe écologie portée par Yannick JADOT. Tout reste à faire. Nous n’avons jamais eu dans l’histoire de l’Europe un Parlement européen écologiste, c’est-à-dire avec une majorité d’écolos. Je m’engage pour que nous y arrivions un jour et que nous puissions influencer durablement l’avenir de notre planète.
Question bonus : Est-ce que les partis écologistes européens s’entendent facilement et collaborent pour défendre leurs projets. Avez-vous un exemple de collaboration fructueuse ?
Oui, nous sommes tous unis et réunis au sein d’un groupe parlementaire qui s’appelle les "Greens" ! Rien ne sous sépare de nos homologues allemands, scandinaves ou d’Europe centrale. Nous avons tous cette même conviction sur l’urgence de sauver la planète et de mieux protéger les droits sociaux des Européens.
Question bonus : Avez-vous un message pour les globe-reporters ?
J’ai 2 messages :
Faîtes les grèves du climat ;
et aimez l’Europe !
Une interview réalisée en avril 2019