L’instituteur de métropole et le village autochtone

Publié le 17 mars 2020

Léon RIBAS est instituteur à l’école de Taluen. Il répond aux globe-reporters Ramsès, Teaki, Repue et Hanalei du collège de l’île d’Hao et aux questions de Tristan, Arthur, Timéo, David du collège Germaine TILLION, dans le sud de l’Île-de-France.

EDUCATION ET JEUNESSE

Léon RIBAS est arrivé à Taluen en 2013. Aujourd’hui, c’est le plus ancien de l’école primaire de Taluen qui compte une centaine d’élèves pour de 5 enseignants et enseignantes. Fort de son expérience, il est la personne la mieux placée pour répondre à nos questions.

Léon est arrivé à Taluen après avoir passé son concours de professeur des écoles à Cayenne. C’est en Guyane que ce métropolitain découvre l’existence des autochtones en Guyane. Et comme peu de professeurs souhaitent venir enseigner dans les communautés amérindiennes du fleuve Maroni, il se propose en se disant que ce sera une belle aventure tant humaine que professionnelle.

Car l’école est ici bien différente de ce qu’elle est ailleurs en France. Les cours sont dispensés uniquement le matin. L’architecture du bâtiment s’inspire de l’habitat traditionnel. Il n’y a pas de frontière entre l’intérieur et l’extérieur Et les classes sont sans porte, sans vitre et presque sans mur pour laisser circuler le moindre souffle d’air frais.

Par contre, le programme scolaire est à peu près identique, même si ces élèves sont autochtones et reçoivent déjà une éducation traditionnelle très différente de ce qui se passe en métropole.

Les enfants bénéficient d’une grande liberté d’aller et venir. Ils apprennent leur histoire auprès des grands-parents qui transmettent des contes, en allant à l’abatis (aux champs) à leurs mères, à la chasse ou à la pêche avec leurs grands frères.

Par contre, à l’école, il y a des horaires, il faut être assidus en cours, respecter des consignes d’hygiène, avoir son matériel. À partir du collège, les élèves quittent le village pour se rendre à Maripasoula en pirogue. Ils ne reviennent au sein de la famille qu’aux vacances scolaires.

Le projet de construire un collège à Taluen a été validé par la collectivité territoriale, mais les Wayanas attendent depuis 3 ans. Pas même un expert ou un architecte ne s’est déplacé. Ils ne savent plus quoi croire.

Pour sa part, Léon, l’instituteur venu d’ailleurs, essaye de mettre en place des projets éducatifs avec les anciens pour que les enfants n’oublient pas trop vite d’où ils viennent. Pour qu’ils se sentent bien à la fois en tant qu’autochtone et petit français. Les enfants l’adorent. Il est très bien intégré dans le village. Et comme il est un peu musicien, il est invité à toutes les fêtes et ne rate pas un anniversaire.

Quand notre envoyée spéciale le rencontre, il propose un rendez-vous à la sortie de l’école, dans sa maison pour être plus tranquille.

L’interview terminée, Anne et Léon discutent pendant plus de 2h00 de la culture de la forêt et de la vie de ces communautés de Wayanas qui vivent une période de transition. Il a peur qu’ils perdent leur identité. Alors qu’elle s’éloigne, Léon rappelle Anne et lui dit : « La bonne nouvelle est qu’un des 5 intervenants langue maternelle (ILM) qui proposent des cours en wayana, vient de réussir le concours de professeur des écoles. »

C’est peu, mais c’est un début. Peut-être qu’un jour, l’école de Taluen aura des enseignants issus de la communauté.

Une interview réalisée en janvier 2020

Sources photographiques

L’école de Taluen.
L’école de Taluen.
Alphabet wayana.
Alphabet wayana.
Arrivée d’élèves qui viennent en pirogue.
Arrivée d’élèves qui viennent en pirogue.
Le chemin de l’école passe devant la poste de Taluen.
Le chemin de l’école passe devant la poste de Taluen.
En route pour l’école.
En route pour l’école.
Des élèves de Léon.
Des élèves de Léon.
Des enfants attendent leur professeur.
Des enfants attendent leur professeur.
Léon en pleine conversation avec cette maman qui n’a pas envoyé́ sa fille a l’école pendant un mois sans prévenir.
Léon en pleine conversation avec cette maman qui n’a pas envoyé́ sa fille a l’école pendant un mois sans prévenir.
Tous en rang.
Tous en rang.
À l’écoute de l’instituteur
À l’écoute de l’instituteur
Une partie de la classe de Léon.
Une partie de la classe de Léon.
On apprend à compter.
On apprend à compter.
Exercice de grammaire ; il faut reconnaitre le sujet.
Exercice de grammaire ; il faut reconnaitre le sujet.
Écriture de la date du jour.
Écriture de la date du jour.
Les CE2 de la classe de Léon.
Les CE2 de la classe de Léon.
Léon attend que le silence revienne.
Léon attend que le silence revienne.
Élève surprise en pleine réflexion.
Élève surprise en pleine réflexion.
Français et wayana se côtoient sur le tableau noir.
Français et wayana se côtoient sur le tableau noir.
Cahier de grammaire en CE2.
Cahier de grammaire en CE2.
Correction de l’exercice demandé.
Correction de l’exercice demandé.
L’école de Taluen.
Alphabet wayana.
Arrivée d’élèves qui viennent en pirogue.
Le chemin de l’école passe devant la poste de Taluen.
En route pour l’école.
Des élèves de Léon.
Des enfants attendent leur professeur.
Léon en pleine conversation avec cette maman qui n’a pas envoyé́ sa fille a l’école pendant un mois sans prévenir.
Tous en rang.
À l’écoute de l’instituteur
Une partie de la classe de Léon.
On apprend à compter.
Exercice de grammaire ; il faut reconnaitre le sujet.
Écriture de la date du jour.
Les CE2 de la classe de Léon.
Léon attend que le silence revienne.
Élève surprise en pleine réflexion.
Français et wayana se côtoient sur le tableau noir.
Cahier de grammaire en CE2.
Correction de l’exercice demandé.

Sources sonores

  • Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

  • Aimez-vous votre métier ? Pourquoi ?

  • Les enfants sont-ils tous les jours à l’école ? Par quel moyen de transport ?

  • Y a-t-il des uniformes à l’école ?

  • Combien d’élèves dans la classe ? Les programmes de la métropole sont-ils revus pour la région ?

  • Est-ce que les langues des Amérindiens sont étudiées ?

  • Pouvez-vous nous raconter la journée type d’un élève : les horaires des cours, les repas, les activités sportives.

  • Y a-t-il de l’absentéisme ? Pourquoi ?

  • L’internat est-il très répandu ? Pourquoi ?

  • Les enfants poursuivent-ils leurs études après l’école primaire ? Avez-vous des élèves qui ont poursuivi de longues études ? Quel type d’études ?

  • Quelles sont les activités des enfants pendant la récréation ? Jouent-ils aux billes ?

  • Êtes-vous optimiste ou pessimiste pour l’avenir des Indiens de Camopi ?

  • Les garçons et les filles sont-ils élevés de la même façon ? Faites-vous des cours sur l’égalité filles-garçons ? Pourquoi ?

  • Quelle part de la culture autochtone est transmise à l’école ?

  • Questions bonus : Est-ce qu’à votre avis la part consacrée aux apprentissages autour de la culture autochtone suffit ?

  • Questions bonus : Qu’est-ce qui vous a donné envie de venir enseigner à Taluen ?