Catherine DAURIAC, présidente de l’antenne française de l’organisation Fashion Revolution répond aux questions de Doulianne, Fayeruz, Clarisse, Emmma-Joy et Nawres, élèves de 4e1 du Collège Pompidou (Montgeron, Essonne).
Débats
La mode peut-elle être « durable » ? Labels, normes, lois, etc. Les tentatives pour rendre ce secteur moins polluant et moins dangereux se multiplient.
Mais le secteur de la mode a encore un impact très important sur l’environnement et participe grandement au réchauffement climatique. Très énergivore, il contribue à environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
De l’utilisation de produits chimiques nocifs pour la santé (des ouvriers et ouvrières des chaînes de confection, mais aussi toxiques pour les usagers), aux mauvaises conditions de travail de nombre de travailleurs à travers le monde, l’industrie textile peine encore à se réformer.
Le contournement des normes et le « greenwashing » ne sont jamais bien loin, nous met en garde Catherine DAURIAC, ancienne communicante et journaliste, autrice de « Fashion » (éditions Tana, 2022) et spécialiste de ce secteur depuis une trentaine d’années.
Elle nous décrit cette stratégie de communication et de marketing (traduite par « éco-blanchiement » en français) qui vise à mettre en avant certaines avancées environnemtales (réelles ou exagérées) d’entreprises, pour masquer d’autres pratiques plus néfastes pour l’environnement.
Celle qui préside aussi la branche française de Fashion Revolution, scrute avec attention ces effets d’annonce et plaide auprès des marques, des décideurs et du grand public pour une mode plus vertueuse. Sa structure a été créée à la suite de l’effondrement du Rana Plaza, en 2013 au Bangladesh, où se trouvaient des ouvriers du textile travaillant pour des marques connues. Plus d’un millier d’entre eurx sont morts durant ce drame.
Forte d’un réseau mondial, Fashion révolution organise désormais des ateliers pour apprendre à consommer moins et mieux ; une « Fashion revolution week » au printemps, et édite un indexe de transparence des marques (scrutant leur impact environnemental, leur utilisation des ressources en eau et en pétrole, le droits des travailleurs…).
Cette année 2023, elle mène une campagne pour une initiative citoyenne européenne dans le but d’exiger un salaire vital pour les personnes qui fabriquent nos vêtements.
Catherine DAURIAC nous détaille au passage la « méthode BISOU », cinq petites questions à se poser avant d’acheter un vêtement. Avant de la contacter, notre envoyée spéciale, Camille LAFRANCE, essaye d’abord de joindre par mail et téléphone, en vain, le bureau Betak, repéré par les globe-reporters, qui organise des défilés sous la norme ISO 20212.
Elle contacte ensuite des ONG, des cabinets de conseil, et des spécialistes du secteur, dont Audrey MILLET (chercheuse associée au CNRS qui a écrit sur les dérives de la surconsommation de vêtements). Malgré sa motivation, Mme MILLET n’est pas disponible dans les temps impartis. Elle conseille à Camille de rencontrer Catherine DAURIAC.
Nous correspondante l’interviewe près de chez elle à Paris car Catherine DAURIAC travaille à distance dans son appartement qui est en chantier.
Camille cherche ensuite des lieux à photographier pour illustrer la thématique de la mode dite « durable ». Elle se rend à « La caserne », incubateur d’entreprises de mode dans le 10e arrondissement de Paris, présentée sur son site comme « le plus grand accélérateur de transition écologique et sociétale dédié à la mode et à la filière luxe en Europe ».
Un entretien/un reportage réalisé en janvier 2023.
Quels sont les/vos événements prévus en 2023 dont vous êtes le plus fière en termes écologiques / environnementaux ?
Pouvez-vous vous présenter ?
Question bonus : Vous avez précisé que votre revue, Hummade, ne fait pas de publireportages, qu’est-ce que c’est ?
Question bonus : Présenter Fashion Revolution. Quelles sont vos actions concrètes ?
Question bonus : Pouvez-vous nous présenter votre dernier ouvrage ?
Certains bureaux (comme BETAKpar exemple) ont reçu la certification ISO 20121 . Pouvez-vous nous résumer ce que cela implique svp ?
Quels sont les changements concrets dans les défilés qui réduisent leur empreinte carbone ?
Constatez-vous une prise de conscience des acteurs de la mode ?
Question bonus : Quelles sont les autres normes ou innovations qui font reculer l’empreinte carbone et l’impact environnemental et social de la mode ?
Les grandes marques se montrent-elles plus concernées par cette question depuis quelques années ? Ou est-ce justement un effet de mode ?
Question bonus : Existe-t-il des données pour chiffrer cette évolution ?
Des récompenses/ gratifications ou des sanctions pourraient-elles être prévues pour les marques qui appliquent ou n’appliquent pas cette norme ou d’autres mesures pour une mode "durable" ?
La mode durable, n’est-ce pas un non-sens ? La mode change tout le temps, on achète ce qui est à la mode, on ne met plus (on donne, on vend, on jette) ce qui est démodé, la mode peut-elle vraiment être durable s’agissant de nouveaux produits ?
Savez-vous que deviennent les vêtements que les mannequins portent lors des défilés, sont-ils ensuite mis en vente ? donnés aux mannequins ? Réutilisés ? Recyclés ? Détruits ?
Question bonus : Que peuvent faire les globe reporters à leur échelle ?