En 1984, le dictateur Nicolae Ceausescu se lance dans une construction pharaonique. Aujourd’hui, le bâtiment n’est toujours pas terminé. Visite guidée du palais du Parlement à la demande des globe-reporters de Camille Claudel à Paris.
Economie, histoire et politique
Cette interview a été réalisée en 2015 par l’envoyée spéciale des globe-reporters Marianne RIGAUX.
-Quelles sont les dimensions du palais du parlement ? Est-ce vraiment le plus grand du monde ?
La superficie du palais est de 365 000 m2, ce qui en fait le deuxième plus grand bâtiment administratif après le Pentagone. Si on considère le volume, il occupe la troisième place, jusque après la pyramide de Khéops. Le bâtiment est entouré par un mur : pour en faire le tour en marchant, il faut 45 minutes ! A l’intérieur, il y a 1 100 pièces réparties sur 12 étages (86 mètres de haut en tout), dont 440 bureaux, 30 salons, 4 restaurants, 3 bibliothèques. La plus grande et belle salle fait 2 200 m2, c’est une salle de bal. Les plus petites font au moins 300 m2.
-Qui l’a fait construire ? En quelle année et pourquoi ? Combien d’argent a coûté sa construction ?
La construction a commencé en 1984 à l’initiative de Nicolae Ceausescu qui dirigeait alors la Roumanie. Il voulait rassembler tous les grands services administratifs dans un même bâtiment : la présidence, l’assemblée nationale, le conseil des ministres et le tribunal suprême. Avant les travaux, il a fallu raser 520 hectares de Bucarest pour faire de la place. La construction a été incroyablement rapide pour un bâtiment d’une telle taille car 20 000 ouvriers ont travaillé tous les jours, 24 heures sur 24 en trois équipes de 8 heures pendant quatre ans. 700 architectes ont travaillé sur la conception. Tous les matériaux utilisés provenaient de Roumanie. Quand il y a eu la révolution en 1989, le bâtiment n’était pas fini et il ne l’est toujours pas aujourd’hui. Le gouvernement provisoire a décide de poursuivre le projet de Ceausescu, car il avait d’ores et déjà coûté très cher. Des travaux sont toujours en cours pour le terminer, notamment dans les sous-sols (il y a 8 niveaux de profondeur en sous-sol). Par conséquent, nous ne savons pas combien d’argent a coûté sa construction, aucun chiffre n’a été publié.
-Qui sont les propriétaires actuels de ce palais ?
C’est un bâtiment public qui appartient à l’Etat. Il abrite les députés depuis 1994 et les sénateurs depuis 2005. On y trouve aussi le centre international des conférences et le musée national d’art contemporain. On peut louer des salles du palais pour organiser des conférences, des concerts, des événements privés. Cela apporte une partie des ressources financières nécessaires au fonctionnement du bâtiment. Environ 400 personnes travaillent pour l’entretenir au quotidien.
-Combien accueille-t-il de visiteurs par an ? Est-ce que les Roumains le visitent ou seulement les touristes ?
En hiver, il y a 400 personnes par jour et été jusqu’à 1400 par jour. Un quart seulement des visiteurs sont roumains et le reste sont des touristes étrangers. Pour les Roumains, le palais est un mélange de fierté et de mauvais souvenirs liés à la dictature communiste. Les habitants l’appellent encore par son ancien nom de Casa Poporului (Maison du Peuple), mais son nom officiel aujourd’hui est Palatul Parlamentului (Palais du Parlement).
-Quel est le tarif de la visite ? Combien de temps dure la visite guidée ?
La visite coûte 30 lei (6,8 euros) pour un adulte. Si on veut faire des photos ou filmer, il faut payer une taxe de 30 lei en supplément. Les visites se font uniquement en groupe et de façon guidée en roumain, français ou anglais. Comme le bâtiment abrite le parlement, il est interdit de s"éloigner du groupe pour des raisons de sécurité. La visite dure environ 2 heures. On visite les huit plus grandes salles et galeries du rez-de-chaussé et du 1er étage, puis le sous-sol où il y a le système de ventilation et de chauffage. Cela représente seulement 5% du bâtiment mais ce sont les endroits les plus impressionnants.
-Est-ce que l’intérieur du palais contient des œuvres d’art ou des objets de grande valeur ? Lesquels par exemple ?
Les objets de valeur sont essentiellement des tableaux et des costumes traditionnels. Les matières utilisées pour la construction du palais sont elles-mêmes très précieuses. Il y a 2 800 lustres qui ont nécessité 3 500 tonnes de cristal venu de la ville de Medias. Pour réaliser les colonnes en marbre blanc ou rose, on a fait venir un million de mètres cubes de marbre extrait de la région de Rușchița. Il y aussi des rideaux immenses en velours, un tapis tellement grand et fragile qu’il faut 40 personnes pour le dérouler, des verrières décorées avec des feuilles d’or et une coupole immense en verre. Il a aussi fallu 2 millions de tonnes de sable et 55 millions de tonnes d’acier.
Sources photographiques
Avancée de la construction en 1989
Ces rideaux en velours font 16 mètres de haut et 250 kg chacun
Colonnes en marbre rose dans une salle de conférence
Décorations au sol qui reprennent les motifs d’un lustre suspendu au-dessus
Décorations du plafond de la salle de l’Union, la plus grande du palais
Des rideaux en soie à l’entrée d’une salle
Détail d’une colonne en marbre blanc
Détail d’une décoration en plâtre au plafond
Détail en marbre rouge au sol
Escaliers en marbre blanc
Jardin dans une cour intérieure
La galerie du rez-de-chaussée s’étire sur plus de 200 mètres
La salle de l’Union est la plus grande et la plus richement décorée de toute les salles
La salle des droits de l’Homme dispose de 60 chaises en rond autour d’une immense table
Le palais vu depuis le jardin
Les portes permettent de cloisonner la galerie pour faire des pièces plus "petites"
Même le cache radiateur est ciselé et décoré
Notre guide Oana dans les sous-sols du palais
Un bout du palais photographié de l’extérieur
Un lustre de cristal qui pèse deux tonnes
Un lustre en cristal
Une salle de conférence. Rien que le tapis fait 200m2...
Une verrière avec des décorations en feuille d’or