Le voyage se termine en fanfare !

Publié le 29 mars 2020

L’heure est venue pour l’envoyée spéciale des globe-reporters de reprendre l’avion pour Paris. Encore faut-il ne pas le rater.

CARNET DE ROUTE

C’est de l’aéroport que je vous écris ce dernier carnet de voyage. Arrivée il y a une semaine à Cayenne, le temps a filé comme l’éclair : entre les rendez-vous et les premiers reportages à envoyer au secrétaire de rédaction, je n’ai pas eu une minute pour souffler. Heureusement j’ai passé la semaine bien installée chez Marie, une ancienne chargée de mission culturelle en Afrique, devenue institutrice à Papaïchton en Guyane, avant d’embrasser un nouveau métier : produire des chocolats d’Amazonie avec son compagnon à Régina. Elle m’a laissé son appartement dans une résidence à l’image de Cayenne : c’est à dire très hétéroclite. 

Au premier étage des Chinois jouent aux dominos du matin au soir. Au second, vivent des jeunes guyanais des communes de l’intérieur qui étudient à l’université qui a été inaugurée en 1991. Au dernier étage des métropolitains ou des expatriés travaillent dans la fonction publique. Ici, leurs salaires sont 40% plus élevés qu’en France, mais la vie est aussi quatre fois plus chère, car quasiment tout est importé. 

Dans cette capitale régionale de plus de 60 000 habitants, il règne une ambiance urbaine pluriethnique où se mêlent des parfums exotiques, des rythmes de compas, de Zouk, de ragga et de merengue. C’est un véritable dépaysement après dix jours passés en forêt amazonienne.

Sur la côte, les routes nationales ou départementales ont remplacé les chemins et les enseignes des supermarchés les arbres de la forêt. Sans parler des embouteillages qui rythment la vie des Guyanais. C’est simple : entre 7h00 et 9h00 et entre 16h00 et 18h00 mieux vaut prendre ses précautions au risque de perdre beaucoup de temps coincé au milieu du trafic.

À Cayenne, je rencontre certains interlocuteurs comme les exploitants de mine d’or ou des représentants d’ONG pour trouver des réponses à vos questions. Les journées sont studieuses. Je saute de rendez-vous en rendez-vous avec une voiture louée, car les transports publics ne fonctionnent pas très bien. Le GPS non plus d’ailleurs. Deux fois il m’envoie à une mauvaise adresse. C’est l’occasion de découvrir des quartiers un peu délaissés.

Ce week-end, Cayenne vit au rythme du carnaval. On dit que c’est le plus long carnaval du monde. Il se déroule de l’épiphanie au mercredi des Cendres : deux mois de festivités avec des défilés de personnages comme les lamnos qui symbolisent les âmes des morts. Il y a aussi les balayeuses ou les vidangeurs qui sont des personnages apparus au temps du bagne. Ils vidaient les sanitaires des maisons bourgeoises. Je n’oublie pas les neg’marrons qui symbolisent les esclaves, les anglé bannan qui sont une caricature amusante des Anglais, les sousouris qui représentent des personnages déguisés en chauve-souris ou encore les zombis baré yo qui représentent le diable.

C’est toute l’histoire de la Guyane qui est racontée au rythme des tambours. Les Guyanais adorent le travestissement et en particulier les touloulous. Ce sont des personnages féminins mystiques, garants de la tradition. Ils rivalisent d’imagination dans leurs toilettes chatoyantes. Leur beauté, leur charme, leur mystère interrogent tout comme le propos d’un film réalisé par une jeune réalisatrice guyanaise Audrey JEAN-BAPTISTE, Fabulous.

Lors de la projection à l’Encre, la salle est complète. Beaucoup de jeunes, mais aussi leurs parents. La période du carnaval est propice à la discussion et à une réflexion sur l’identité sexuelle.

C’est lors de cette soirée que je rencontre Isabelle NIVEAU, une passionnée de théâtre qui est inspectrice au rectorat de Guyane. Elle me présente le projet de théâtre qu’elle mène avec des jeunes de 12 à 25 ans en difficulté ou en réinsertion. Cette année, ils présentent une pièce écrite et jouée par 80 adolescents Corps en scène.

Depuis 2008, près de 30 000 d’entre eux sont passés par l’association L’entonnoir et ont découvert le théâtre. 15 d’entre eux sont aujourd’hui des professionnels du spectacle. « C’est la magie du théâtre », explique Mme NIVEAU.

De mon côté, je lui présente le projet Globe Reporters. Elle très impressionnée par votre démarche et votre travail. Elle souhaite que les élèves des collèges de Guyane entretiennent une correspondance avec vous et c’est promis, l’année prochaine, des globe-reporters guyanais participeront à une campagne.

Pris dans mon récit, j’en oublie presque l’embarquement de mon vol retour sur Paris. Je suis la dernière à monter dans l’avion. Bye bye Cayenne !

Chers globe-reporters et chères globe-reportrices pour ce beau voyage et ces belles rencontres.

Anne PASTOR, votre envoyée spéciale en Guyane.

Un carnet de route rédigé en janvier 2020

Sources photographiques

Défilé du carnaval de Cayenne 2020.
Défilé du carnaval de Cayenne 2020.
Une des reines du carnaval.
Une des reines du carnaval.
Un anglé bannan.
Un anglé bannan.
Deux zombis baré yo.
Deux zombis baré yo.
Des zombis prenant la pose devant l’objectif de l’envoyée spéciale.
Des zombis prenant la pose devant l’objectif de l’envoyée spéciale.
Touloulous filmés par la télévision locale.
Touloulous filmés par la télévision locale.
Des touloulous au milieu de la foule.
Des touloulous au milieu de la foule.
Le défilé dans une rue de Cayenne.
Le défilé dans une rue de Cayenne.
Plus d’embouteillages, place à la fête.
Plus d’embouteillages, place à la fête.
Ambiance au cœur du carnaval.
Ambiance au cœur du carnaval.
Jeunes filles.
Jeunes filles.
Des acteurs du film Fabulous
Des acteurs du film Fabulous
Extrait du spectacle Corps en scène.
Extrait du spectacle Corps en scène.
Défilé du carnaval de Cayenne 2020.
Une des reines du carnaval.
Un anglé bannan.
Deux zombis baré yo.
Des zombis prenant la pose devant l’objectif de l’envoyée spéciale.
Touloulous filmés par la télévision locale.
Des touloulous au milieu de la foule.
Le défilé dans une rue de Cayenne.
Plus d’embouteillages, place à la fête.
Ambiance au cœur du carnaval.
Jeunes filles.
Des acteurs du film Fabulous
Extrait du spectacle Corps en scène.

Téléchargements

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