Les draisines de la Vaser : des camionnettes qui se prennent pour des locomotives
Publié le 28 février 2019
Diana Goci travaille pour le Chemin de fer touristique de Viseu de sus et Ion est mécanicien et conducteur de draisines, ces camionnettes-trains qui circulent dans la vallée de la Vaser. Ils répondent aux questions des globe-reporters de CP-CE1 de l’école de l’Ourcq, à Paris.
Vie quotidienne
Voilà un reportage dans lequel l’envoyée spéciale a mis beaucoup d’énergie !
Tout au nord de la Roumanie, dans la région du Maramures, il y a une vallée qui n’est accessible qu’en train : c’est la vallée de la Vaser. On peut y croiser toutes sortes d’engins ferroviaires : des locomotives à vapeur ou diesel, des plates-formes pour transporter les arbres coupés dans la forêt... et des camionnettes, transformées pour rouler sur les rails. C’est ce qui intrigue les globe-reporters de l’école de l’Ourcq.
Élodie se dit : comment parler de ces camionnettes-train (qu’on appelle des « draisines »), comment comprendre leur fonctionnement, sans aller sur place pour les observer ?
Elle organise donc un déplacement, tout là-bas dans le nord. Objectif : trouver quelqu’un qui puisse tout lui expliquer et, tant qu’à faire, l’emmener faire un petit tour.
Élodie contacte d’abord le Centre d’information touristique de Viseu de sus, qui la renvoie vers CFF Viseu, qui s’occupe des balades en locomotive à vapeur, destinées aux touristes. L’un des responsables la met en contact avec une étudiante francophone, Diana, qui vient travailler là pendant la période touristique. Il lui conseille aussi de contacter la pension Stancuta, qui propose des tours en draisine aux touristes. « Pas de soucis », lui répond au téléphone la propriétaire de la pension. « Dès que vous êtes à Viseu, appelez-moi et je vous fais rencontrer notre chauffeur, il connaît très bien tout ce qui touche aux draisines ».
Au départ de Cluj, Élodie fait 8h00 de route pour arriver jusqu’à Viseu de sus. Elle rencontre d’abord Diana. Puis elle embarque avec Ion, le chauffeur de la draisine de la pension Stancuta, pour un petit tour sur quelques kilomètres. Ion travaille sur les draisines depuis 2002. Il en a même transformé quatre ! Il va avoir 72 ans en juillet.
Voici l’interview de Diana Goci :
Pourquoi a-t-on transformé des camionnettes en trains dans la vallée de Vaser ? Depuis quand ?
Les draisines existent depuis les années 1950. Ce sont des voitures qui ont été transformées pour faciliter le transport des personnes qui vont dans les montagnes pour travailler dans la forêt. D’ailleurs, cette ligne de chemin de fer a été créée pour transporter le bois.
Quelles roues a-t-on mises sous les voitures ? Pourquoi on ne peut pas garder celles des voitures ?
Les roues normales des voitures ne sont pas adaptées aux rails. On a changé le châssis, on a mis un châssis en bois et on a mis 6 roues de fer : 4 devant et 2 à l’arrière. On a juste changé ça et le système de freinage. Pour le reste, c’est une voiture normale, avec un moteur et tout le reste.
Comment freine-t-on ? Peut-on enregistrer le bruit du freinage ?
Le système de freinage initial a été modifié. On freine avec le volant, vu que sur les rails, il ne sert à rien. Quand on tourne le volant vers la gauche, on freine, quand on tourne le volant vers la droite, on desserre les freins.
Est-ce que tout le monde peut utiliser les rails ? Qui passe par ces rails ?
C’est une voie ferroviaire publique, qui appartient au Parc national des monts du Maramures. Elle est utilisée par une entreprise privée de bois, par la CFF Viseu qui s’occupe des activités touristiques et par l’office des forêts.
D’où viennent les camionnettes ?
Ce sont des voitures normales, qui ont été achetées. Il y a des Ford, des Mercedes, etc. Elles se ressemblent, pour faciliter la transformation et la réparation. Quand une pièce ne marche pas sur l’une, on peut la remplacer par une autre facilement. On a choisi des camionnettes pas très larges, parce que c’est plus facile à transformer et à adapter pour aller sur les rails de cette vallée qui sont étroits.
Quel carburant utilise-t-on ?
On utilise du diesel, comme pour une voiture normale.
À quelle vitesse roulent-elles ?
Ça dépend : en hiver on roule à 10-15km/h, à cause de la neige et parce que les lignes ne sont pas bien dégagées. Si on va plus vite, on risque de dérailler. Sinon, on peut rouler jusqu’à 20 km/h en moyenne.
Utilisait-on des chevaux pour tirer le long des rails ?
La draisine avance grâce à son moteur, pas avec des chevaux. Il y a des chevaux dans la montagne, mais juste pour transporter le bois, depuis la forêt où il est coupé, jusqu’au wagon qui le ramène à Viseu.
Sources photographiques
Diana Goci, étudiante à Cluj et travailleuse saisonnière à CFF Viseu.
La plus ancienne draisine, exposée dans la gare de Viseu de Sus. Elle était utilisée pour amener les bûcherons dans la forêt.
Toutes les draisines sont stationnées dans la gare de Viseu de sus.
Il y en a de différentes marques et de différentes couleurs, mais elles se ressemblent toutes un peu : elles ne sont pas très larges, car les rails de la vallée de la Vaser ne sont pas larges non plus.
Draisines stationnées dans la gare de Viseu de sus.
Draisine stationnée dans la gare de Viseu de sus.
Draisines stationnées dans la gare de Viseu de sus.
Ion, le chauffeur de la draisine de la pension Stancuta. « J’ai fait tous les métiers dans ma vie, sauf prêtre et pilote d’avion ».
Cette draisine a été transformée à partir d’un ancien camion de pompiers acheté en Allemagne.
Les draisines ont quatre roues à l’avant...
… et deux à l’arrière.
La plaque qui sert à soulever la draisine pour lui faire faire demi-tour.
À l’intérieur de la draisine.
Avant de partir, Ion fait le plein. Il met du diesel, car la draisine a gardé son moteur de voiture.
Ion au volant de la draisine.
À bord de la draisine. La voie ferrée longe la Vaser.
Viseu de sus se trouve tout au nord de la Roumanie, dans la région du Maramures.