Feriel, élève au collège Anne Frank de Saint-Dizier souhaite interviewer une personne dont les enfants sont partis en Europe. Adidjah, vendeuse de beignets répond à ses questions.
Education et jeunesse
Feriel, globe-reportrice au collège Anne FRANK de Saint-Dizier, demande à notre envoyé spécial au Cameroun, le journaliste Raphaël KRAFFT, de rencontrer une personne dont les enfants sont partis en Europe. Ce n’était pas sa requête initiale, mais pour réaliser la première idée d’interview Raphaël aurait dû se rendre à Yaoundé. Cela représente beaucoup de temps et d’argent pour une seule interview. Comme Raphaël connaît bien les professeures de Feriel pour avoir travaillé de nombreuses fois avec elles, il se permet de leur écrire pour leur faire plusieurs contre-propositions.
Il y a d’abord Eddy, un moto-taxi de Douala avec lequel Raphaël s’est lié. Ou alors, Adidjah, une vendeuse de beignets dont les trois fils sont partis en Europe. Feriel choisit Adidjah.
Adidjah compte parmi les personnes dont on se souvient longtemps quand on rentre de reportage. Raphaël la rencontre par hasard au début de son séjour en marchant dans les rues de Douala pour s’imprégner de l’atmosphère de la ville. Alors qu’il pénètre dans le quartier de Makea, il aperçoit une tranchée, un drain destiné à limiter les inondations qu’il photographie pour illustrer un article sur l’accès à l’eau à Douala. Deux femmes assises sur le perron d’un petit immeuble l’interpellent et l’invitent à s’asseoir avec elles. Il y a Cécile, une Camerounaise installée en France et revenue au pays pour les vacances et Adidjah.Pendant, une bonne heure, ils palabrent ensemble. Raphaël promet à Adidjah de revenir la voir un autre jour. Ce qu’il fait et refait jusqu’à ritualiser les visites sur le perron du petit immeuble.
Makéa est un quartier qui compte une importante population d’origine étrangère en provenance du Nigéria, du Bénin, du Ghana, mais aussi du Sénégal et du Mali qui a commencé de s’y installer dans l’entre-deux-guerres. Le père d’Adidjah était Nigérian.
Tout le monde parle le pidgin à Makéa, l’équivalent anglophone du créole francophone, même les Camerounais de parents camerounais. Makea a très mauvaise réputation, la drogue - le crack notamment - circule beaucoup. Des jeunes qui se font appeler les « microbes » se sont fait connaître en détroussant les habitants des quartiers alentour.
À force de discuter avec Adidjah, Raphaël comprend que ses enfants sont partis en Europe. Ici, on appelle ça « faire boza ». Celui qui arrive en Europe est appelé un « bozayeur ».
Raphaël voit une dernière fois Adidjah quelques heures avant son départ. Il lui promet d’aller rendre visite à ses enfants dont les plus jeunes sont pris en charge par l’aide sociale à l’enfance quelque part en France.