« Vivre la tradition dans la modernité », l’objectif d’Ayma OPAYA, capitaine du village de Taluen
Publié le 15 février 2020
Ayma OPAYA est le capitaine du village de Taluen depuis 2019. Il répond aux questions de Luane, Ludivine et Thalia du collège de la Marine Vincendo de Saint-Joseph à La Réunion, à celles de Tristan, Arthur, Timéo et David du collège Germaine TILLION et des globe-reporters du collège jean MACE de Suresnes, deux établissements de région parisienne.
ECONOMIE, HISTOIRE ET POLITIQUE
Depuis des siècles, les communautés de Wayanas, un peuple natif du Haut-Maroni, étaient dirigées par des chamans et des aînés qui se réunissaient sous le tukusipan. Ce carbet communautaire permettait d’accueillir les visiteurs de passage et jouait un rôle central dans la vie de la communauté. C’est là que se déroulaient les fêtes et les réunions publiques. C’est aussi sous le tukusipan que chamans et anciens discutaient et prenaient leurs décisions.
En 1969, l’État français met en place un nouveau système d’organisation sociale et politique censé respecter les valeurs traditionnelles. Désormais, dans les villages, il y a le Grand Man. C’est l’autorité spirituelle du village. Il y a aussi le capitaine du village. C’est le référent qui assure le lien entre l’État et les habitants du village. Il est d’ailleurs rémunéré par l’État, mais son rôle n’est que consultatif et honorifique. Le capitaine est choisi par le Grand Man et sa nomination à vie est validée par les autorités françaises.
Ayma OPOYA a été nommé capitaine en 2019. C’est un poste qui lui revient tout naturellement puisque c’est son grand-père qui a créé le village de Taluen et qu’il est très investi dans la vie communautaire depuis son enfance. Rappelons que les Wayanas ont longtemps eu un mode de vie nomade. Leur sédentarisation est en partie liée à leur nouvelle organisation sociale imposée par l’État français. Une organisation étatique se méfie des nomades et préfère des gens qui vivent dans un endroit fixe pour mieux les contrôler.
Avant de devenir capitaine, Ayma a été gendarme puis est devenu un artisan très réputé de Ciel de Case, ces fresques qui représentent des animaux mythiques de la cosmogonie wayana.
Ayma a toujours été au service de la communauté de Taluen à travers ses associations comme celle des autorités coutumières wayanas. C’est ainsi, comme il le dit si bien, qu’il a gagné « ses compétences » et qu’il a été choisi.
Notre envoyée spéciale, Anne PASTOR, le rencontre à son retour de Pedilina, une communauté où il est allé présenter le projet culturel Sawa en compagnie d’anthropologues. Sawa est un projet qui cherche à restituer les traditions culturelles des peuples de la région.
Le temps de se changer, d’accueillir, une représentante des peuples autochtones du Secours catholique venue proposer au village une aide financière, et il s’installe dans son hamac pour répondre à nos questions.
L’interview terminée, il reprend ses activités de capitaine et se rend sous le tukusipan où est présentée l’exposition itinérante Sawa : le fruit de quatre années de travail à collecter la mémoire du peuple wayana.
Une interview réalisée en janvier 2020
Sources photographiques
Sources sonores
Pouvez-vous vous présenter ?
Qui sont les Wayanas le peuple amérindien de la région de Taluen ?
Ces populations vivent-elles à l’écart des villes ? Qu’est-ce que la Zone d’accès règlementée ?
Comment devient chef de village ? Quels sont les rôles du chef de village ? Y a-t-il des chefs coutumiers femmes ?
Font-ils des assemblées pour prendre des décisions ? Si oui, comment se passe une assemblée de village ? Qui y assiste ? Le chef a-t-il des conseillers pour l’assister ? Si oui, qui sont-ils ? Comment sont-ils choisis ?
Quelle est la place des femmes dans le village ? Que font-elles ?
Quels sont les lieux pour le commerce dans le village ?
Quel est le rôle des jeunes dans l’organisation sociale du village ? Est-ce qu’ils sont pris en compte dans la vie du village ? A quel âge peuvent-ils participer aux assemblées ?
Quelle est l’importance de la religion traditionnelle à Taluen ? Quelle est la place des responsables religieux traditionnels dans la société actuelle ?
Quels sont les principes de base de la religion traditionnelle dans la région de Taluen ? Les religions monothéistes comme le christianisme et l’islam sont-elles présentes à Taluen ?
Question bonus : Est-ce que vous arrivez à préserver les traditions ?
Question bonus : Est-ce que les Wayanas ont réussi à préserver l’organisation sociale qui existait avant qu’ils ne deviennent français ? Est-ce que finalement vous continuez à vivre comme des Wayanas ?