Armel, Guokoun et Aline, trois élèves du collège rural de Varpeau répondent aux questions des globe-reporters Hanna, Bahia, Ines, N’deye, Prométhée et Jeanne du collège Paul Verlaine à Paris. Des réalités si éloignées, et pourtant un même désir d’apprendre.
Education et jeunesse
Varpeau est un tout petit village de la commune de Niego. Un collège y a été construit pour décongestionner les classes à Niego et aussi pour éviter aux élèves de faire 32 kilomètres de piste de sable tous les jours pour aller en classe.
L’établissement est composé de deux espaces pour deux classes : la première est dans un bâtiment en dur et l’autre est en plein air, sous une bâche en plastique qui ondule quand l’Harmattan souffle. Le professeur doit alors hurler pour se faire entendre. C’est là que l’envoyée spéciale des globe-reporters réalise des interviews, assis aux pupitres.
Armel, Guokoun et Aline étudient en français mais parlent dagara. Pour l’interview, tous préfèrent répondre par écrit que par oral.
Armel KPODA
Armel est à droite
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Armel KPODA et je suis en 6e ici à Varpeau, mon village natal.
Ton école est-elle bien entretenue ?
Je pense que mon école est bien entretenue parce qu’elle est régulièrement nettoyée. Nous, les élèves, nous aidons à ramasser les papiers et les ordures. Les tables sont en bon état et nous pouvons nous y asseoir pour les cours. Et en plus, nous avons maintenant un nouveau bâtiment où il est possible de faire classe toute la journée. Avant sa construction, la classe se faisait sous une bâche plastique.
Quelles études aimerais-tu faire plus tard ?
Bon, il faut dire d’abord que j’aime beaucoup l’école. Étudier aujourd’hui te donne l’occasion de mieux réussir demain. L’école t’aide à te sauver en cas de danger parce que tu peux penser plus, mieux et librement. Et tu es mieux armé pour plein de choses. Par exemple, si tu quittes ce village pour aller dans une grande ville, les études aident à comprendre les autres lois, les autres symboles et la manière de vivre à la ville qui est différente de la vie au village. Si tu es allé à l’école cela va t’aider à comprendre tout mieux et à t’en sortir et éviter tous des dangers de la ville que nous ne connaissons pas ici. Cela dit, j’aimerais poursuivre mes études si les moyens de ma famille le permettent et si je réussis les examens. J’aimerais devenir infirmière ou médecin, car nous avons besoin de plus de médecins dans les régions rurales du Burkina.
L’école est-elle loin de chez toi ?
Non, plus maintenant. Avant, je devais aller à Niego et c’est très loin. Je faisais plus de 30 kilomètres à vélo chaque jour. Je devais me lever à cinq heures du matin pour être en cours à 7h00. Maintenant, je suis à 20 minutes à pied.
Guokoun KUMBINE
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Guokoun KUMBINE. J’ai 14 ans et je suis élève au collège de Varpeau. Je suis de Varpeau/ Ma maison est à 10 minutes à vélo.
Ton école est-elle bien entretenue ?
Elle commence à être bien entretenue parce que nous avons maintenant un bâtiment en dur et nous ne sommes plus sous ce plastique très bruyant dès qu’il y a du vent. En plus, nous avons notre directeur qui s’occupe du centre et de nous, Monsieur SOMDA. Par exemple, il est arrivé aujourd’hui avec deux ballons de foot pour que nous puissions faire sport avec le nouveau professeur. Il a aussi amené des craies pour le tableau. Et nous savons tous que c’est lui qui paie cela de sa poche. On ne peut que le remercier et lui dire que notre collège est très bien entretenu.
Quelles études aimerais-tu faire plus tard ?
Je voudrais devenir professeur, pour accumuler le savoir et le transmettre aux enfants, pour qu’ils soient intelligents et puissent réussir. Parce que si tu sais, si tu as des savoirs, tu possèdes du pouvoir, celui de faire ce que tu veux, de décider par toi-même, de penser les choses à ta façon. Je veux voir grandir les petits frères et les petites soeurs et qu’ils deviennent des êtres intelligents et libres.
Aline SOMDO
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Aline SOMDO et j’ai 15 ans. Je suis de Varpeau qui est un tout petit village que j’aime beaucoup parce que les hommes et les femmes y vivent en paix. J’aime le marché du dimanche où on trouve des légumes, du charbon, de la viande et des gens boivent le ndolo. Le ndolo est la bière faite avec du mil. C’est notre céréale typique qui est fermenté. On en boit dans des occasions spéciales comme au marché. Mais nous les élèves, nous buvons du ndolo non fermenté, donc sans alcool.
Ton école est-elle bien entretenue ?
Mon école est bien entretenue. Elle n’est pas sale et nous avons des tables et des chaises. Il nous manque seulement des livres pour suivre les leçons. J’aimerais pouvoir lire vite comme les élèves en France. Mais comme je n’ai pas l’habitude, je prends beaucoup de temps pour lire. Mais je travaille dur parce que mes parents ne sont plus là et que je dois être un exemple pour mes petits frères. C’est pour cela que je dois étudier, pour pouvoir un jour aider mon oncle à la maison en ayant un travail et un salaire.
Quelles études aimerais-tu faire plus tard ?
Je vais être professeur pour aider aux enfants à savoir, pour aider mes petits frères. Personne ne doit plus être analphabète. Nous devrions tous pouvoir étudier, mais nous manquons de professeurs dans les villages, alors je vais devenir professeur et comme cela il y aura une maitresse de plus au Burkina Faso.
Un reportage réalisé en janvier 2017
Sources photographiques
Le collège a deux classes ; l’une en dur béton et une autre sous une bâche plastique.
Les élèves du collège viennent de recevoir des ballons de foot pour les cours de sport.
Sous la tente, nous nous installons pour l’interview. Da gauche à droite : Guokoun KUMBINE, Aline SOMDO et Armel KPODA.
Guokoun KUMBINE est contente d’étudier au collège malgré le manque de matériel.
L’éducation est un pouvoir, dit Guokoun KUMBINE qui veut devenir professeur.
Aline SOMDO aime profondément son village et veut y devenir professeur.
Aline SOMDO regrette le manque de livres dans son collège et le fait de ne pas pouvoir lire à la maison.